Librio, célèbre éditeur de titres à 3 €, vient de publier en janvier un ouvrage intitulé « L’art de la guerre » et sous-titré « De Sun Tzu à de Gaulle, Vade-mecum des situations conflictuelles ». L’ayant rattaché à sa collection « Philosophie », l’éditeur semble vouloir laisser croire qu’il s’agit là du traité de Sun Tzu. Ce n’est pourtant pas exactement le cas. Ce que nous trouvons s’avère bien mieux ! Plutôt qu’une n-ième version du père Amiot (la seule libre de droit qui permettrait de proposer un tel prix), nous avons affaire ici à un recueil d’extraits de textes ayant trait à l’art de la guerre. Si l’ensemble est censé être lié par le thème du traitement des situations conflictuelles, ce n’est là qu’un prétexte pour mettre bout à bout neuf extraits d’œuvres classiques. Concernant L’art de la guerre de Sun Tzu, 5 des 13 chapitres sont reproduits (les six premiers, sauf le deuxième), malheureusement dans leur version du père Amiot/Impensé radical. La sélection d’auteurs est relativement convenue (Clausewitz, Machiavel, de Gaulle, …), sauf un ; on pourra en effet trouver original de voir figurer Proust dans la liste (un passage du Côté de Guermantes où figure un dialogue sur le caractère scientifique ou artistique de la guerre).
Archives de catégorie : Actualité de Sun Tzu
Sun Tzu France attaque sa 4e année d’existence
Comme chaque début d’année, nous nous démarquons en ne consacrant pas un billet à vous présenter nos vœux, mais à célébrer notre anniversaire… Trois années se sont en effet écoulées depuis notre tout premier billet Sans la marine, tout devient possible ! [1].
Nous allons prochainement atteindre la barre des 200 billets publiés. Les sujets ne manquent toujours pas, et nous avons déjà suffisamment d’idées en tête pour remplir une année au rythme d’écriture que nous nous sommes fixés d’une publication tous les six jours. Sans compter que l’actualité de Sun Tzu ne faiblit pas et que nous nous faisons fort de la suivre, au moins pour sa partie française. Ce rythme soutenu nous oblige bien souvent à livrer des billets mal finis, peu affinés, et qui mériteraient une sérieuse relecture s’ils devaient être publiés sur un support moins évanescent qu’un blog. Mais c’est justement parce qu’ils n’ont pas cette contrainte de polissage que nous arrivons à tenir le rythme de production.
Les billets les plus lus cette année ont été :
- Les meilleures citations de L’art de la guerre ? (billet du 20 mars 2014)
- Sun Tzu faisait-il de l’aïkido ? (billet du 4 octobre 2013)
- Quelle traduction retenir ? (billet du 30 août 2012)
- L’art de la guerre en bande dessinée (billet du 7 août 2012)
- Sun Tzu vs Clausewitz : Art de la guerre ou science de la guerre ? (billet du 12 février 2014)
Les deux premiers billets étant très loin devant les autres (un facteur 6 de fréquentation entre le premier et le cinquième).
La guerre moderne selon Sun Tzu
Un ouvrage vient de paraître : Le dossier noir du terrorisme, d’Hugues Eudeline. Son sujet, l’analyse du phénomène terroriste, n’est pas l’objet de ce blog. Nous ne traiterons donc pas le livre sur son fond, que nous maitrisons d’autant plus mal que nous n’avons pas de vision précise de ce qui a déjà été dit sur lui. Toutefois, le sous-titre ne pouvait passer inaperçu à nos yeux : « La guerre moderne selon Sun Tzu ».
L’ouvrage se donne en effet pour ambition d’ « utiliser une grille de lecture du terrorisme, à la lumière de la pensée stratégique de Sun Tzu » (p. 258). Les préceptes de L’art de la guerre reviennent en effet assez fréquemment dans le texte, et plusieurs citations (issues de la traduction de Samuel Griffith) viennent de-ci de-là appuyer une idée. Sans constater de dévoiement de la pensée du stratège chinois, nous avons surtout ici le phénomène très courant du picorement de citations de Sun Tzu pour appuyer une idée. Mais pas de réelle déclinaison de sa pensée à l’action terroriste : le sujet du sous-titre, « la guerre moderne selon Sun Tzu », ne nous semble ainsi pas réellement traité. C’est dommage, car le thème ne manque pas d’intérêt. Jamais véritablement étudié en France, les rapports entre Sun Tzu et terrorisme l’ont un peu plus été aux Etats-Unis[1]. Même si nous avons récemment commencé à l’effleurer dans notre billet paru sur le blog U235, Les combattants de Daech, disciples de Sun Tzu ?, le sujet mériterait une véritable étude.
Rendez-vous pris pour en jeter les bases un jour prochain sur ce blog…
[1] Concernant les rapports entre Sun Tzu et terrorisme, on pourra notamment lire le dernier chapitre intégralement consacré à ce sujet de Sun Tzu and the Art of Modern Warfare, de Mark McNeilly, ou des articles comme The art of terrorism, what Sun Tzu can teach us, de Caleb M. Bartley, ou Sun Tzu’s theory of war for understanding the outcomes of terrorist campaigns, d’Andrew Torelli.
Le premier numéro de Guerres et batailles traite de Sun Tzu
Une nouvelle revue consacrée à l’histoire militaire vient de paraître : Guerres et batailles dans l’Histoire du Monde. Arrivant sur un marché déjà pléthorique sur le sujet, ce bimestriel de 100 pages fait la part belle aux illustrations. Et un article sur Sun Tzu y figure !
Nous nous garderons de le commenter, votre serviteur en étant l’auteur. L’article se prolonge par un large extrait de L’art de guerre : les trois premiers chapitres au complet, dans leur traduction du Père Amiot.
Bonne chance, donc, à ce nouveau-né.
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Sun Tzu, le jeu
Alors que nous avions vu que Sun Tzu pouvait être considéré comme une icône de la culture populaire, peu de jeux ont cependant explicitement pris pour thème L’art de la guerre[1]. En 2010 paraissait toutefois aux éditions Matagot une petite boîte proposant à deux joueurs de s’affronter dans l’univers de Sun Tzu. Épuisé depuis peu, ce jeu nous revient aujourd’hui dans une version « Deluxe ». L’occasion d’en faire le tour.
Nous avons là est un jeu de plateau / jeu de cartes de type Risk. Si l’on remonte un peu l’histoire, il s’agit d’une transposition en français d’un jeu américain paru en 2005 sous le nom « Dynasties ». Le passage à la version française l’a beaucoup plus fortement raccroché au thème de Sun Tzu.
L’univers servant de cadre au jeu est donné pour être celui des Printemps et des Automnes (nous ne reviendrons pas sur la réalité historique de l’appartenance de Sun Tzu à cette période). Un joueur incarne Sun Tzu, du royaume de Wu, et l’autre le roi de Chu ; les pouvoirs spéciaux de chacun sont différents, mais le jeu est équilibré et l’attribution de ces rôles n’a en pratique aucune conséquence. Les illustrations des cartes du jeu sont l’œuvre de Rolland Barthélémy, dessinateur français emblématique des années 80-90. Si elles agrémentent et enjolivent indubitablement le jeu, il ne faut guère s’attacher à leur réalité historique : les personnages et costumes représentés ne sont qu’une vision fantasmée de la Chine antique, certaines scènes sont totalement anachroniques (ex : la cavalerie, qui n’existait pas à cette époque) et la carte de Chine avec ses cinq provinces n’est qu’ « inspirée » de la réalité du moment. Mais ce n’est pas là le plus important.