La carotte et le bâton

La discipline est la force des armées

La discipline est la force des armées

« La guerre est subordonnée à cinq facteurs. […] Le quatrième est le commandement. » (chapitre 1)

Pour Sun Tzu, le bon commandement repose sur un savant équilibre entre fermeté et motivation.

Si la motivation peut passer par l’adhésion des hommes à une cause transcendantale (mais le sujet est polémique, cf. notre billet De la signification du dào), le meilleur moyen pour inciter la troupe à plus d’ardeur au combat réside dans la perspective d’une récompense :

« En les appâtant par la promesse de récompenses, [le général] les incite à attaquer l’ennemi pour s’emparer du butin. Lorsque, à l’issue d’un engagement, on réussit à capturer dix chars adverses, il convient de récompenser le premier qui a réalisé l’exploit. » (chapitre 2)

Sun Tzu recommande à cet égard de ne pas hésiter à se montrer très généreux :

« Un grand capitaine dispense des récompenses non prévues par la loi et promulgue des édits qui ne sont consignés dans aucun code. » (chapitre 11)

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Du charisme du général

Le chef

Le chef

« La guerre est subordonnée à cinq facteurs. […] Le quatrième est le commandement. » (chapitre1)

A travers son traité, Sun Tzu livre un certain nombre de recommandations pour mener les hommes :

« En excitant leur fureur, le général incite ses hommes à massacrer l’ennemi. » (chapitre 2)

Mais bien souvent, il expose de façon tranchée les qualités que devrait posséder le général pour diriger les troupes :

« La vertu est ce qui assure la cohésion entre supérieurs et inférieurs, et incite ces derniers à accompagner leur chef dans la mort comme dans la vie, sans crainte du danger. » (chapitre1)

Ces descriptions se cachent parfois sous l’aspect de recommandations :

« Il se doit d’étudier avec la plus grande attention tant la stratégie commandée par le terrain ou l’opportunité des avances et des replis que les lois qui président aux sentiments humains. » (chapitre 11)

Ce qui est dit dans cette maxime, c’est que le général doit être psychologue. Mais cette qualité se décrète-t-elle réellement ? Peut-on sur commande décider de « comprendre les lois qui président aux sentiments humains » ?

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De l’audace

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Une prise de risque aujourd’hui bannie ?

La hardiesse est un prérequis de la victoire :

« Un général avisé […] voit les profits et peut tenter des entreprises ; il ne néglige pas les risques et évite les désagréments. » (chapitre 8)

« Si l’on veut s’emparer de la victoire, il faut la cueillir au milieu du danger. » (chapitre 11)

Cette nécessaire prise de risque est une conséquence du brouillard de la guerre. Un général qui serait trop prudent, attendant de posséder le renseignement suffisant pour se déterminer, serait toujours paralysé. En outre, il subirait systématiquement l’action et ne serait jamais maître du tempo. Sun Tzu, au contraire, prône l’initiative et la maîtrise du déroulement de la bataille.

Dans certains passages, L’art de la guerre semble pourtant se montrer frileux :

« On ne poursuit pas une armée dont la retraite est simulée ; […] on ne gobe pas l’appât que l’adversaire vous tend. » (chapitre 7)

La raison en est que Sun Tzu traite là de l’intuition (éventuellement aidée du renseignement) dont doit faire preuve le général pour sentir quand l’ennemi lui tend un piège. Il ne recommande évidemment pas de toujours redouter une ruse, faute de quoi il serait en permanence paralysé, n’ayant jamais suffisamment de renseignement pour être sûr des intentions, de la position et de la force de son adversaire.

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Sun Tzu prône-t-il la prise de risque ?

« Qui ose gagne » : La devise du 1er RPIMa

« Qui ose gagne » : La devise du 1er RPIMa

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Sun Tzu se montre très frileux quant à la prise de risque au cours des batailles. Certains de ses commandements pourraient même être perçus comme des injonctions à l’immobilisme :

« On ne poursuit pas une armée dont la retraite est simulée ; […] on ne gobe pas l’appât que l’adversaire vous tend. » (chapitre 7)

Un général qui voudrait appliquer scrupuleusement cette maxime de Sun Tzu pourrait rapidement se retrouver totalement paralysé, redoutant toujours une ruse de l’adversaire. Jamais en effet il ne possèdera tout le renseignement lui permettant à coup sûr d’évaluer la position, la force et les intentions de l’adversaire. Ou alors quand il les aura, il sera trop tard…

Nous observons de même que le courage et l’audace ne semblent pas faire partie des qualités nécessaires au général :

« Le commandement dépend de la perspicacité, de l’impartialité, de l’humanité, de la résolution et de la sévérité du général. » (chapitre 1)

A un seul endroit de son traité, Sun Tzu évoque la prise de risque :

« Un général avisé prend toujours en compte, dans ses supputations, tant les avantages que les inconvénients d’une option. Il voit les profits et peut tenter des entreprises ; il ne néglige pas les risques et évite les désagréments. » (chapitre 8)

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Le calcul épargne le sang : du pouvoir de la planification

Pas de victoire sans planification

Pas de victoire sans planification

La planification est un pilier du système suntzéen. Elle peut permettre, à elle seule, d’éviter l’affrontement armé.

Cette planification est un garant, voire une condition sine qua non, de la victoire :

« Une armée est victorieuse si elle cherche à vaincre avant de combattre ; elle est vaincue si elle cherche à combattre avant de vaincre. » (chapitre 4)

Par sa croyance immodérée dans les vertus de la planification, le système suntzéen réfute l’idée clausewitzienne de friction. Peut-être le stratège chinois n’avait-il pas une claire conscience de cette notion, mais peut-être aussi était-il convaincu du pouvoir de la planification, à l’instar des espoirs que les Américains ont pu porter durant les années 90 dans leur concept de Révolution dans les Affaires Militaires.

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