Une qualité : la réactivité

Tel le serpent, l’armée doit toujours être prête à bondir sur son objectif

Tel le serpent, l’armée doit toujours être prête à bondir sur son objectif

La réactivité est une qualité essentielle prônée dans L’art de la guerre :

« Il faut […] profiter de la moindre opportunité pour emporter l’avantage. » (chapitre 1)

« A la guerre, il ne faut pas compter que l’ennemi ne viendra pas, mais être en mesure de le contrer. » (chapitre 8)

Sun Tzu a parfaitement conscience que l’exécution de tout plan est soumis à nombre d’aléas, qu’ils soient climatiques ou géographiques, ou qu’ils soient dus à une mauvaise intuition de ce qu’allait entreprendre l’adversaire. Sun Tzu chercher à minimiser le brouillard de la guerre par le renseignement, mais admet à demi-mot que les frictions demeurent possibles. Pour tenter d’obtenir la maîtrise sur ces facteurs, le général doit en comprendre la logique et s’y adapter. Ainsi, Sun Tzu décortique cette réactivité en quatre qualités primaires : coup d’œil tactique, intelligence, rapidité et manœuvrabilité.

La première de ces qualités est donc le coup d’œil tactique, c’est-à-dire la parfaite conscience du bon moment :

« Le grand chef de guerre […] ne laisse jamais passer l’occasion de la victoire. » (chapitre 4)

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Les aptitudes dans L’art de la guerre

Quelles sont les qualités demandées par Sun Tzu ?

Quelles sont les qualités demandées par Sun Tzu ?

Comme pour les précédents billets, nous répétons que cet exercice d’étude lexicale est intimement lié à la traduction à laquelle nous nous référons, et que le choix de travailler sur une autre édition de L’art de la guerre aurait conduit à des résultats différents. Nous avions ainsi vu dans le billet Des qualités requises pour être général toute la diversité d’interprétation que pouvait amener la confrontation des différentes traductions. Toutefois, nous tâcherons encore une fois ici de ne pas nous attacher à ce qui relève d’un strict choix de traduction, mais de rechercher ce que l’on peut déduire de la fréquence d’utilisation des termes.

Le général de Sun Tzu sort du lot des autres généraux. Pour l’identifier, les qualificatifs de sa supériorité sont : « grand » (employé 10 fois), « habile » (6 fois), « bon » (4 fois), « avisé » (2 fois), « véritable » (1 fois) et « brillant » (1 fois). Les qualités qui lui sont demandées à travers tout le traité sont innombrables : la résolution, la puissance, la prestesse, la force, le courage, l’humanité, la vertu, la perspicacité, l’impartialité, la sévérité, la souplesse, la fermeté, la rigueur, l’impavidité, l’intelligence, la bonté, la subtilité et la discrétion !… Le général doit en outre revêtir un certain nombre de qualités difficilement palpables : « invincible », « infini », « inépuisable », « mystérieux », « divin », …

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Connais-toi toi-même, disait Sun Tzu

Mosaïque d’un couvent romain présentant le Gnôthi seautón, « connais-toi toi-même »

Pour obtenir la victoire, le général doit, outre connaître le plus parfaitement possible son ennemi, se connaître lui-même :

« Qui connaît l’autre et se connaît, en cent combats ne sera point défait ; qui ne connaît l’autre mais se connaît, sera vainqueur une fois sur deux ; qui ne connaît pas plus l’autre qu’il ne se connaît sera toujours défait. » (chapitre 3)

L’injonction de Sun Tzu rejoint ici le Gnôthi seautón, « connais-toi toi-même », que les Grecs avaient inscrit au fronton du temple de Delphes et sur lequel Socrate bâtissait sa sagesse. En effet, le général doit être lucide sur ses qualités et ses défauts pour savoir mettre en valeur ses forces et ne pas prêter le flanc à ses faiblesses. Il doit de même avoir conscience de ses traits de personnalité et de ses tendances profondes pour ne pas se laisser dominer par elles :

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De la foudroyance

L’oiseau de proie

« Une armée frappe avec la soudaineté de la foudre. » (chapitre 7)

La foudroyance est, au sein de l’armée française, un concept récent, de plus en plus fréquemment présenté comme principe fondamental, mais qui demeure cependant encore en gestation[1]. Sun Tzu évoquait pourtant déjà cette notion, sans toutefois la nommer clairement, comme l’illustre son image de « l’oiseau de proie » :

« L’oiseau de proie parvient à briser les reins de sa victime quand il frappe en raison de sa prestesse. Le grand général allie une formidable puissance à une extrême prestesse. Il possède la puissance de l’arbalète bandée et la prestesse de la gâchette. » (chapitre 5)

Bien au-delà de ce simple passage, toute la philosophie de Sun Tzu tend vers ce concept non-nommé de foudroyance. Nous allons le voir en en décortiquant les modes d’action.

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Des qualités requises pour être général

Le képi français de général d'armée

Le képi français de général d’armée

Dans le premier chapitre de L’art de la guerre sont exposées les qualités que doit posséder un général[1]. Il est surprenant de constater combien celles-ci peuvent varier suivant le traducteur. A travers cet exemple, nous verrons l’importance d’identifier une bonne traduction de L’art de la guerre si l’on veut véritablement s’essayer à en faire l’étude.

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