« La guerre est subordonnée à cinq facteurs. […] Le quatrième est le commandement. » (chapitre 1)
Pour Sun Tzu, le bon commandement repose sur un savant équilibre entre fermeté et motivation.
Si la motivation peut passer par l’adhésion des hommes à une cause transcendantale (mais le sujet est polémique, cf. notre billet De la signification du dào), le meilleur moyen pour inciter la troupe à plus d’ardeur au combat réside dans la perspective d’une récompense :
« En les appâtant par la promesse de récompenses, [le général] les incite à attaquer l’ennemi pour s’emparer du butin. Lorsque, à l’issue d’un engagement, on réussit à capturer dix chars adverses, il convient de récompenser le premier qui a réalisé l’exploit. » (chapitre 2)
Sun Tzu recommande à cet égard de ne pas hésiter à se montrer très généreux :
« Un grand capitaine dispense des récompenses non prévues par la loi et promulgue des édits qui ne sont consignés dans aucun code. » (chapitre 11)
Notons que la récompense offerte peut provenir du pillage :
« Quand on pille une région, on répartit le butin entre ses hommes ; lorsqu’on occupe un territoire, on en distribue les profits. » (chapitre 7)
Dans le cas précis du pillage, le procédé préconisé ici ne correspond plus à notre façon moderne occidentale de faire la guerre. Demeure cependant le questionnement qui a conduit Sun Tzu à apporter cette réponse, et auquel doit répondre le chef de guerre : comment récompenser ses hommes ?
Nous avions vu que, de façon presque transversale, le général devait également avoir une fibre paternaliste :
« Pour peu que leur chef les aime comme un nouveau-né et les chérisse comme un fils bien aimé, les soldats seront prêts à le suivre en enfer et à lui sacrifier leur vie. » (chapitre 10)
Mais Sun Tzu rappelle sans ambages que la discipline est ce qui fait la force des armées :
« Si […] on se refuse à appliquer les châtiments sous prétexte qu’ils vous sont attachés, ils ne pourront servir au combat. On éduque les hommes par les institutions civiles, on les soude par la discipline militaire. C’est seulement de cette façon qu’on aura barre sur eux. » (chapitre 9)
« Quand le général n’a ni la fermeté ni la rigueur requises, que ses instructions manquent de clarté, officiers et soldats que n’encadrent pas des lois strictes, étant bien en peine de former leurs rangs, il y aura désordre. » (chapitre 10)
« Des hommes qu’on traite avec égard et à qui on manifeste de l’amour, sans être capable de leur assigner de tâches et de s’en faire obéir, de sorte que leur turbulence échappe à tout contrôle, tels des enfants gâtés, ne seront propres à rien. » (chapitre 10)
Si L’art de guerre prône une discipline dure, celle-ci ne doit toutefois pas atteindre des extrêmes :
« Etre obligé de faire preuve de la plus grande cruauté pour se faire craindre de ses hommes est la marque d’une grande incompétence. » (chapitre 9)
Au final, le général doit savoir jouer de la carotte et du bâton :
« Qui possède le système de récompenses et de châtiments le plus efficace ? […] La réponse à ces questions permet de déterminer à coup sûr le camp qui détient la victoire.» (chapitre 1)