Les meilleures citations de L’art de la guerre ?

Les citations les plus populaires sont…

Les citations les plus populaires sont…

Le fil Sun Tzu Dit va incessamment franchir la barre du millième abonné. Pour mémoire, ce fil Twitter que nous animons depuis maintenant deux ans en parallèle de ce blog propose deux fois par jour une citation de Sun Tzu (extraite de la traduction de Jean Lévi de L’art de la guerre). Son homologue américain, Sun Tzu Daily, ouvert deux ans plus tôt, revendique quant à lui dix fois plus d’abonnés !

Le succès est indubitablement au rendez-vous. Mais pourquoi les citations de Sun Tzu fascinent-elles autant ? Selon nous, pas tant par leur ancienneté : de grands personnages modernes sont cités au même rang lorsque l’on veut appuyer un propos. Mais réellement par leur pertinence. Nous avions l’année dernière cherché à comprendre la raison de l’engouement pour ces citations. Nous estimions que celui-ci provenait essentiellement de la facilité de transposition des préceptes de L’art de la guerre aux domaines autres que le conflit armé ; un public bien plus large que la seule communauté militaire était donc concerné par ces maximes.

Nous avions également relevé le style lapidaire d’écriture de Sun Tzu, restitué dans la traduction française de Jean Lévi, qui se prêtait parfaitement à la contrainte des 140 caractères imposée par Twitter. Rappelons que le traité de Sun Tzu ne fait que 40 pages, et qu’il nous a été possible d’en extraire plus de 300 citations de moins de 140 caractères, toutes porteuses de sens. Il n’y a à notre connaissance pas 300 citations de Clausewitz qui courent sur le Net.

Les trois citations les plus retweetées, que l’on pourrait donc considérer comme les plus populaires[1], sont, par ordre :

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Des qualités du chef

Le stratège Zhuge Liang, général idéal aux yeux de Sun Tzu ?

Le stratège Zhuge Liang, général idéal aux yeux de Sun Tzu ?

« La guerre est subordonnée à cinq facteurs. […] Le quatrième est le commandement. » (chapitre 1)

« Le général est le rempart de l’Etat ; si celui-ci est solide, le pays est puissant, sinon il est chancelant. » (chapitre 3)

« Une armée peut connaître la fuite, le relâchement, l’enlisement, l’écroulement, le désordre, la déroute. Ces six malheurs ne tombent pas du Ciel mais proviennent d’une erreur du commandement. » (chapitre 10)

Le chef est, pour Sun Tzu, le pilier de la victoire. De très nombreuses qualités que ce dernier doit posséder sont égrenées au fil du traité :

« Le commandement dépend de la perspicacité, de l’impartialité, de l’humanité, de la résolution et de la sévérité du général. » (chapitre 1)

« Parce qu’il a le contrôle du moral, un bon général évite l’ennemi quand il est d’humeur belliqueuse pour l’attaquer quand il est indolent ou nostalgique ; parce qu’il a la maîtrise de la résolution, il oppose l’ordre au désordre, le calme à l’affolement ; parce qu’il détient la maîtrise des forces, il oppose à des hommes qui viennent de loin des combattants placés à proximité du théâtre des opérations, à des soldats épuisés des troupes fraîches, à des ventres vides des ventres pleins ; parce qu’il a le parfait contrôle de la manœuvre, il n’affronte pas les bannières fièrement déployées ni des bataillons impeccablement ordonnés. » (chapitre 7)

« Un général se doit d’être impavide pour garder ses secrets, rigoureux pour faire observer l’ordre. » (chapitre 11)

Gardons à l’esprit le caractère très fragile des caractéristiques énumérées ici, eu égard aux difficultés de traduction (cf. notre billet Des qualités requises pour être général).

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Le pire livre sur Sun Tzu ?

Aujourd'hui, n'importe qui peut publier n'importe quoi...

Aujourd’hui, n’importe qui peut publier n’importe quoi…

Nous nous étions juré de ne plus recenser les livres sans intérêt issus de publication à la demande. Nous allons pourtant faire ici une exception, en raison du caractère exceptionnel d’une perle : L’art de la guerre régime, du « docteur Lee Quan ».

Un bon exemple valant mieux qu’un long discours, la toute première phrase du livre devrait parler d’elle-même :

Ecrit dans la plus grosse siècle, L’Art de la Guerre régime reste le travail le plus célèbre sur luttant graisse supplémentaire et de brûler les livres loin.

Vous comprenez sans doute mieux pourquoi le titre du livre ne vous avait pas paru totalement explicite : nous avons à faire à une traduction automatique d’un texte chinois, sans la moindre relecture ! Nous pouvons imaginer derrière cette publication les doigts d’un adolescent chinois qui tente sa chance en publiant des textes traduits automatiquement, en différentes langues, des fois que cela marcherait… L’anonymat du web encourage cet aplomb éhonté.

Ce « livre », vendu 4,51 € uniquement (exclusivement ?…) sur plateforme Kindle, flirte avec les limites du système de publication à la demande : le fait que tout le monde puisse publier, que l’on puisse désormais se passer du filtre des éditeurs, rend réellement possible l’édition de n’importe quoi, même d’ouvrages qui n’en sont pas ! Certes, cela n’est pas grave en soit, comme cela pourrait par exemple l’être dans le cas de diffusion de propagande dangereuse ou de diffamations malveillantes. Ces textes polluent juste l’offre, en accroissant (un peu) la difficulté à discerner le bon grain de l’ivraie.

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Sun Tzu vs Clausewitz : Pot-pourri final

Du rab de comparaison entre Sun Tzu et Clausewitz...

Du rab de comparaison entre Sun Tzu et Clausewitz…

Nous avons rassemblé dans ce dixième et dernier billet consacré à l’étude comparative des systèmes de Clausewitz et Sun Tzu quelques idées sans grands liens entre elles, mais pour lesquelles nous n’avions pas suffisamment de matière nous permettant d’en faire des billets complets. Du vrac, donc !…

Les deux stratèges diffèrent dans le concept-clé de Clausewitz nommé « centre de gravité ». Pour le stratège prussien, ce dernier est unique et constant. Pour Sun Tzu au contraire, il est pluriel et versatile. Nous avons développé ce sujet dans notre billet Du modelage de l’ennemi où, à travers l’image du boxeur, nous illustrions bien toute la différence entre la théorie clausewitzienne et celle suntzéenne.

Pour les deux stratèges, le rapport de force se crée fondamentalement et de manière instable et délicate dans le rapport affectif du peuple et du souverain, ainsi que du peuple sous les armes et du commandement militaire, rapports qui dans un camp (plus que dans l’autre) permettent, le moment venu, de demander à la population un effort exceptionnel. Les formulations sont dans la forme très différentes, mais l’idée reste la même. Notons toutefois que si Clausewitz s’attarde beaucoup sur l’importance des forces morales, il ne les traite que pour son propre camp et n’envisage pas la possibilité, comme le fait Sun Tzu, de chercher à affaiblir celles de l’ennemi.

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Sun Tzu vs Clausewitz : Renseignement, surprise, ruse ; tout oppose les deux systèmes

Deux systèmes très différents

Deux systèmes très différents

Nous avions vu à travers une série de billets toute l’importance que Sun Tzu accorde au renseignement, considérant qu’il est réellement possible d’obtenir une perception fiable de l’adversaire et du champ de bataille. Clausewitz, lui, est beaucoup plus circonspect sur le sujet :

« Les nouvelles qui vous parviennent en temps de guerre sont en grande partie contradictoires, et fausses pour une plus grande part encore ; les plus nombreuses de beaucoup sont passablement douteuses. […] Fort de sa confiance en sa meilleure connaissance des choses, le chef doit tenir ferme comme un roc sur lequel vient se briser la vague. » (Livre I, chapitre 6)

Déclinaison de cette divergence d’appréciation sur le pouvoir du renseignement, les deux stratèges tiennent des positions quasiment opposées sur une notion comme la surprise. Alors que Clausewitz a tant formalisé la notion de brouillard de la guerre, il n’a que peu de foi dans la capacité du général à le projeter sur l’ennemi :

« Il serait erroné de croire que [la surprise] soit le meilleur moyen pour atteindre en guerre ce que l’on veut. L’idée en est très séduisante mais, en pratique, la friction de la machinerie entière la fait échouer la plupart du temps. » (Livre III, chapitre 9)

Sun Tzu considérant qu’il est possible de contrôler le champ de bataille (cf. le billet précédent sur la friction), la surprise est dès lors un outil fondamental du général.

« Attaquez là où il ne vous attend pas ; surgissez toujours à l’improviste. » (chapitre 1)

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