Le choix du traducteur entre littérarité et littéralité

Comment bien traduire le texte ?

Les propos de Sun Tzu sont obscurs. Nous y reviendrons prochainement. Il ne s’agit pourtant pas tant là d’une imperfection du traité qu’au contraire une relative normalité des écrits de cette période. Le traducteur doit donc faire face au choix suivant : soit tenter de rester fidèle au texte et décider de le retranscrire le plus rigoureusement possible, y compris dans ses ambiguïtés et son décalage avec la langue moderne, soit chercher à faire comprendre ce qu’il estime être l’idée de Sun Tzu et donc accepter les interprétations, les approximations, voire les anachronismes. Cette dernière démarche pouvant d’ailleurs être effectuée à des degrés divers.

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Encore une nouvelle édition de L’art de la guerre !

Une édition dont on pourra se passer...

Une édition dont on pourra se passer…

L’année 2012 aura décidemment été très riche concernant les parutions de L’art de la guerre. Ce mois-ci, c’est une nouvelle version de poche qui nous est proposée pour 4,90 €.

Autant le dire tout de suite : elle ne présente aucun intérêt ! Il s’agit en effet de la traduction du père Amiot (version de l’Impensé radical) livrée brute, sans les notes de bas de page ni le moindre complément. Même la version des 1001 nuits, commercialisée 3 €, comporte plus de matériaux…

Autant rajouter 5 € et acquérir la traduction que nous jugeons la meilleure de toutes celles existantes : celle de Jean Lévi.

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Pourquoi le texte original de L’art de la guerre était-il cryptique ?

Une interprétation possible du texte de Sun Tzu

La traduction d’un texte chinois vieux de plus de 2000 ans est particulièrement complexe. Le meilleur moyen de s’en rendre compte est de lire la toute première version de Valérie Niquet datant de 1988, qui était à bien des endroits relativement inintelligible, témoignant des difficultés de sa traductrice à faire émerger du sens d’une telle succession de caractères polysémiques. Nous allons le voir, les caractéristiques de la langue utilisée expliquent en effet grandement les difficultés rencontrées par les traducteurs.

L’étude de la version du Yinqueshan nous fournit une assez bonne idée de ce que pouvait être le traité à ses débuts. Nous avons en effet là un texte écrit dans une forme très ancienne de chinois, dite « chinois classique ». Concise à l’extrême, la structure de cette langue ne permettait guère d’exprimer clairement une idée, laissant au contraire bien souvent au lecteur le soin de la deviner. Si cette plasticité convenait très bien à la poésie, elle ne permettait a contrario pas de transmettre explicitement des notions précises ou subtiles.

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Une version numérique qui sort du lot

L’art de la guerre illustré et annoté

Les versions numériques de L’art de la guerre sont nombreuses. Comme nous l’avions vu dans le billet Il n’y a pas que les livres papier !, quasiment toutes se basent sur une des traductions-avatars du père Amiot (Impensé radical ou Lucien Nachin). Seuls le prix (de gratuit à 10 € !…) et l’illustration de couverture les différencient. Il en paraît au moins une par mois. Mais la dernière version à être sortie, passée totalement inaperçue, présente pourtant du nouveau.

Baptisé « L’art de la Guerre (Illustré et Annoté) » cet ouvrage numérique disponible pour 2 € au format Kindle ou iBooks présente plusieurs caractéristiques inédites :

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Sun Tzu ou l’art de gagner des batailles

L’ouvrage de Bevin Alexander

Un livre majeur vient tout juste de paraître aux éditions Tallandier : Sun Tzu ou l’art de gagner des batailles, de l’Américain Bevin Alexander.

Il s’agit d’une traduction (signée Jacques Bersani) de l’ouvrage Sun Tzu at Gettysburg. Son auteur, Bevin Alexander, est un historien américain spécialiste de stratégie militaire. Paru en 2011, Sun Tzu at Gettysburg est son douzième et dernier ouvrage, le seul à avoir été traduit en français.

L’objectif que se donnent ces 296 pages est « de montrer que les chefs militaires qui, durant les deux derniers siècles, lors d’affrontements majeurs, ont suivi sans le savoir les axiomes de Sun Tzu ont connu le succès, tandis que ceux qui ne les respectaient pas étaient voués à la défaite, et quelquefois à des désastres ou à des catastrophes conduisant à la perte pure et simple de la guerre ». Pour cela, l’auteur a étudié neuf batailles à travers le prisme des enseignements de Sun Tzu : Saratoga (1777), Waterloo (1815), les campagnes de la guerre de Sécession de 1862, Gettysburg (1863), la bataille de la Marne (1914), la bataille de France (1940), Stalingrad (1942), la libération de la France (1944) et l’invasion de la Corée du Nord (Incheon, 1950).

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