Six conférences sur Sun Tzu à Paris

Le professeur Aoyu WEI donnant la première conférence du cycle

Le professeur Aoyu WEI donnant la première conférence du cycle

Dans le cadre de ses « Dialogues entre la civilisation chinoise et la civilisation européenne », le Centre culturel de Chine à Paris organise six conférences sur L’art de la guerre de Sun Tzu, de décembre 2015 à mai 2016.

Autour du thème général « Sun Zi, L’Art de la Guerre et le management », les sujets traités seront les suivants :

  • Mardi 1er décembre à 19h : Introduction de « l’Art de la Guerre » : un livre qui ne traite pas que de la guerre ; Sun Zi et la philosophie taoïste ; Sun Zi et la pensée confucéenne ; Sun Zi et l’école légiste ; une façon de penser systémique ; la notion du soft power.
  • Mercredi 13 janvier à 19h : Sun Zi et la culture stratégique chinoise : questions géostratégique, géopolitique, géoéconomique ; la vision stratégique chinoise et son application en Asie, en Afrique et en Amérique latine dans les années 1960 à 1980.
  • Mardi 16 février à 19h : Sun Zi et « L’Art de la Guerre » dans le monde occidental, ses spécificités par rapport à Carl Von Clausewitz, ses influences sur les stratèges européens et américains au XIXe siècle et au XIXe siècle.
  • Lundi 14 mars à 19h : « L’Art de la Guerre » et ses applications dans le domaine des stratagèmes : « Les Trente Six stratagèmes » et dans la littérature de la guerre « Les Trois Royaumes » et « Au Bord de l’Eau », et même dans « Pèlerinage à l’Ouest ».

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A propos de L’impensé radical

1971 : Une couverture présentant une partie de go

1971 : Une couverture présentant une partie de go

En 1969 s’ouvrait à Paris une petite librairie confidentielle, L’impensé radical. Ce nom allait s’imposer pendant 20 ans au sein de la communauté des amateurs de stratégie.

C’est en effet en janvier 1969 que Luc Thanassecos, alors encore étudiant en sciences politiques, racheta la librairie Le meilleur des Mondes, la rebaptisa et lui donna une toute autre direction : les œuvres de stratégie. Point particulier : Luc Thanassecos était un grand joueur ; outre les traditionnels échecs, il officiait dans le monde naissant du go. Il fut ainsi entre autre fondateur du premier club français de cette discipline et en édita les premières revues. Echecs et go, ces deux classiques ne furent pas les seuls jeux à lui être redevables : shogi, djambi, xiangqi, awélé, mah-jong, … Tous ces noms aujourd’hui familiers aux joueurs doivent une grande partie de leur découverte à L’impensé radical, qui les édita comme boîtes de jeu et publia presque à chaque fois un voire plusieurs ouvrages sur le sujet. La librairie fonctionnait comme un véritable laboratoire : n’importe qui pouvait y entrer pour simplement faire une partie de ces jeux encore inconnus du grand public.

En tant que maison d’édition, L’impensé radical fit également très occasionnellement paraître des titres plus généraux parmi lesquels, en 1971, Les treize articles d’un certain Sun Tse[1]. Version fortement remaniée de la traduction du père Amiot de 1772, la couverture représentait… une partie de go ! Le succès du traité chinois fut au rendez-vous, puisque trois réimpressions virent le jour (en 1972, 1976 et 1978). Dans ce cadre, la dernière ne resta pas insensible à la consécration de la traduction française de la version de Samuel Griffith parue en 1972 aux éditions Flammarion : en 1978, la version de L’impensé radical fut rebaptisée « L’art de la guerre » et affichait une couverture plus conventionnelle, supprimant la référence au jeu de go.

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La version la plus diffusée de L’art de la guerre n’est pas celle que l’on croit

Le fautif : le texte publié par L’impensé radical, dans sa version de 1978

Le fautif : le texte publié par L’impensé radical, dans sa version de 1978

Nous avions vu que les traductions de L’art de la guerre se revendiquant du père Amiot peuvent en réalité correspondre à quatre textes différents. Le plus diffusé d’entre eux est celui de L’impensé radical : il représente plus de 95 % de ces traductions dites « du père Amiot », ainsi que la quasi-totalité des versions numériques – à commencer par celle de Wikimédia – et les deux versions audio disponibles à ce jour.

Dès le début, les personnes à l’origine de ce texte se montrèrent relativement discrètes, nous amenant à désigner le travail réalisé par le simple nom de la maison d’édition : « L’impensé radical ». La page de garde de la version parue en 1971 indiquait en effet seulement « Edition préparée par Monique Beuzit, Roberto Cacérès, Paul Maman, Luc Thanassecos et Tran Ngoc An ». Aucune autre mention de ces « auteurs » n’était faite par la suite (à l’exception de Tran Ngoc An, cité pour avoir « collationné à Tokyo les éditions japonaises de L’art de la guerre »). Nous ne disposons d’aucun renseignement concernant ces protagonistes – excepté Luc Thanassecos, qui devrait faire l’objet du prochain billet. Ils étaient peut-être étudiants rue d’Ulm à ce moment-là, mais nos recherches sommaires ne nous ont pas permis d’en retrouver la trace. Nous serions au passage très reconnaissants à qui pourra nous mettre sur la piste d’une de ces personnes (qui ne doivent plus être très jeunes : cela fait maintenant 45 ans que l’ouvrage est sorti…).

Si la mention de ces « auteurs » était déjà relativement discrète en 1971, elle disparut totalement de l’édition de 1978 ! Le nom même du père Amiot se trouva relégué au seul emplacement des mentions de copyright. Les raisons de cette éclipse, pour le moins cavalière, nous sont inconnues.

Ce texte de copyright était d’ailleurs relativement flou sur l’importance des modifications apportées au texte du jésuite :

« Edition refondue et augmentée tirée de la version établie en 1772 par le Père de la Compagnie de Jésus J.-J.-M. AMIOT (1718-1794) ».

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L’impensé radical n’a pas reproduit le texte du père Amiot

N'en déplaise à l'éditeur, ce texte n’est pas du père Amiot

N’en déplaise à l’éditeur, ce texte n’est pas du père Amiot

[Note : la couleur est nécessaire pour lire ce texte.]

Après avoir étudié les différences existant entre le texte originel du père Amiot et sa déclinaison par Lucien Nachin en 1948, étudions maintenant la reprise que fit L’impensé radical en 1971.

Le substrat est indubitablement le texte du jésuite : s’il se trouve bien quelques maximes reformulées, sans doute pour apparaitre dans un français plus contemporain, il ne s’agit toutefois ici que de modifications sporadiques, sans rapport avec l’ampleur des changements opérées par Lucien Nachin. Le texte de base est sensiblement identique à celui de 1772.

« De base », car il se voit affublé de nombreux ajouts d’origines diverses. Une partie provient d’insertions dans le corps du texte de commentaires que le père Amiot faisait figurer en notes de bas de page. Par exemple, au chapitre 11, alors que le texte originel de 1772 était :

Veillez en particulier avec une extrême attention à ce qu’on ne sème pas de faux bruits, coupez racine aux plaintes, aux murmures, ne permettez pas qu’on tire des augures sinistres de tout ce qui peut arriver d’extraordinaire ; aimez vos troupes, procurez-leur tous les secours, tous les avantages, toutes les commodités dont elles peuvent avoir besoin.

… celui de L’impensé radical devient :

Veillez en particulier avec une extrême attention à ce qu’on ne sème pas de faux bruits, coupez racine aux plaintes et aux murmures, ne permettez pas qu’on tire des augures sinistres de tout ce qui peut arriver d’extraordinaire.
Si les devins ou les astrologues de l’armée ont prédit le bonheur, tenez-vous-en à leur décision ; s’ils parlent avec obscurité, interprétez en bien ; s’ils hésitent, ou qu’ils ne disent pas des choses avantageuses, ne les écoutez pas, faites-les taire.
Aimez vos troupes, et procurez-leur tous les secours, tous les avantages, toutes les commodités dont elles peuvent avoir besoin.

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Combattre le terrorisme au quotidien

Lutter est toujours possible, à tous les niveaux.

Lutter est toujours possible, à tous les niveaux.

Il n’est pas dans les habitudes de ce blog de traiter d’autres sujets que ceux relatifs à L’art de la guerre de Sun Tzu. Nous ferons une exception aujourd’hui.

Comme la plupart des Français, vous ne souhaitez pas rester inactif face aux attentats du 13 novembre dernier. Outre le désir de venir en aide (soutien psychologique aux personnes qui en ont besoin, exercice renforcé de votre métier s’il a un rapport avec les évènements, don aux ONG d’aide aux victimes, etc.), vous ressentez peut-être également le besoin de réagir, de ne pas subir ces évènements. Bref, de lutter contre les terroristes.

Bien sûr, vous pourriez aller en Syrie, vous improviser fantassin et tenter de tuer tous ceux que vous verriez porter le drapeau de Daech. Outre que la capacité à un tel engagement solitaire ne concerne qu’une infime minorité de la population, il signifie aussi dans une certaine mesure un renoncement à notre État de droit, que justement les terroristes combattent. Car en France, les générations précédentes ont progressivement mis en place l’idée que, tout comme il est interdit aux citoyens de rendre justice par eux-mêmes, seules les forces armées assermentées (ie les militaires) ont l’autorisation d’aller mener des actions de guerre contre les ennemis de l’État. Ainsi, il est aujourd’hui interdit aux citoyens français d’aller spontanément se battre en Syrie (ou ailleurs).

Il existe pourtant plusieurs moyens simples de combattre à votre niveau les terroristes.

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