Le père Amiot enfin réédité

Couverture du fac-similé des éditions Hachette-BNF

L’Art militaire des Chinois est enfin disponible sous forme papier. Cet ouvrage du père Amiot comprend la toute première traduction hors du monde asiatique de L’art de la guerre.

Jusqu’à présent, ce texte de 1772 jamais réédité (hors 1782[1]) n’était plus disponible que dans quelques très rares bibliothèques (ou, beaucoup plus simplement depuis quelques années, sur Internet grâce à Gallica). Si une version retranscrite en français moderne était bien disponible depuis 2007 (celle d’Adrien Beaulieu dans son ouvrage – confidentiel – Investir en Chine – Guerre et Commerce), toutes les autres se revendiquant du père Amiot n’étaient, on l’a vu, jamais authentiques. Il est donc aujourd’hui enfin devenu possible de commander pour 17,48 € un fac-similé de ce petit bijou pour historien.

L’ouvrage ne peut toutefois s’acheter que via Internet, car édité à la demande. Nous saluons au passage l’initiative de ces maisons d’édition (françaises et anglo-saxonnes) qui, en publiant sous forme de fac-similés des œuvres tombées dans le domaine public, rendent physiquement disponibles à tous des livres qui ne se trouvaient auparavant que dans quelques bibliothèques (ou sous forme numérique grâce à Google Livres ou Gallica). Bien que ce type de publication soit controversé – notamment parce qu’elle met un copyright sur une œuvre du domaine public, nous en sommes pour notre part extrêmement satisfait (nous faisons encore partie de la génération qui prend plaisir à posséder physiquement et à toucher ce qu’elle lit…). Nous considérons que personne n’est obligé d’acheter ces fac-similés ; ceux qui veulent les posséder physiquement peuvent tout-à-fait les télécharger sur Internet gratuitement (et légalement), et même les imprimer.

Sinon, concernant le livre lui-même, nous nous sommes déjà longuement entretenu sur son contenu (notamment dans le billet Le père Amiot a-t-il réellement traduit Sun Tzu ?). Rappelons que les Treize articles de Sun-Tse représentent, préface inclus, moins d’un quart de l’Art militaire des Chinois. Le reste est composé de :

– Les dix préceptes de l’empereur Yong-tcheng aux gens de guerre[2]
– Les six articles sur l’art militaire, par Ou-tse (le Traité militaire de Maître Wou, ou Wou-tseu)
– Les cinq articles sur l’art militaire, par Se-ma (Le Code militaire du grand Maréchal, ou Sse-ma-fa)
– Un extrait du livre intitulé Lou-tao, sur l’art militaire (21e, 24e et 25e chapitres des Six arcanes stratégiques, ou Lieou T’ao)
– Instruction sur l’exercice militaire[3]

Au final, cette publication est un véritable plaisir pour toutes les personnes désireuses d’avoir un exemplaire de ce que fut véritablement la toute première traduction occidentale de L’art de la guerre, et non ses ersatz (comme celle actuellement fournie avec la revue Guerres & Stratèges).


[1] Certes, la réédition de 1782, sous la forme du septième tome des Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, les mœurs, les usages, etc. des Chinois par les missionnaires de Pé-kin) était déjà disponible depuis septembre 2011 aux éditions Nabu Press. S’il était l’exacte réédition du texte de 1772, y étaient cependant ajoutés des extraits de l’ouvrage de Saint-Maurice de Sain-Leu (qui fut le seul militaire réellement critique à l’égard de la traduction du père Amiot).

[2] Texte paru en 1728 de la plume de l’empereur Yongzheng, qui régna jusqu’en 1735, et dont le fils fut l’empereur Qianlong que connut le père Amiot durant tout son séjour en Chine.

[3] Il s’agit d’une série de planches commentées sur les exercices militaires et l’équipement des soldats, datant probablement du XVIIIe siècle.

Source de l’image : photo de l’auteur

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