La Chine en guerre, l’ouvrage pour comprendre la période de Sun Tzu

Un ouvrage de référence sur la Chine antique

Sinologue émérite, traducteur de la plupart (si ce n’est la totalité) des grands traités militaires de la Chine antique, Jean Lévi livre aujourd’hui une synthèse de la pensée militaire chinoise durant la dynastie des Zhou orientaux (qui couvre la période des Printemps et Automnes (-722 à -453) et celle des Royaumes Combattants (-453 à -221)). La Chine en guerre vient en effet de paraitre aux éditions Arkhé, et autant le dire d’emblée, il y a longtemps que nous attendions un tel ouvrage.

Jean Lévi étudie comment le concept de guerre a évolué depuis les premiers temps de la civilisation chinoise jusqu’à l’unification de l’Empire en 221 av. J.-C., passant d’une forme proche de nos guerres en dentelles à une industrialisation de la société cherchant à intégrer la possibilité permanente de conflit armé avec ses voisins. Le livre explore à ce titre en détail le glissement d’une idéologie où la tromperie est bannie car contraire à l’esprit de chevalerie, à celle où cette tromperie est acceptée, et même portée aux nues, car promettant la possibilité d’une victoire sans effusion de sang.

Dans la deuxième partie de l’ouvrage, Jean Lévi montre comment les anciens Chinois – ou du moins les grands textes de cette période qui nous sont parvenus – traitent de la guerre « juste », et de la justification de l’usage de procédés contraires à la morale.

Un glossaire et la présentation de quelques batailles emblématiques (Guiling 354 av. J.-C., Maling 341 av. J.-C. et Changping 260 av. J.-C.) viennent compléter l’étude.

Cet ouvrage n’est pas le premier à traiter de la conception de la guerre dans la Chine ancienne – Valérie Niquet l’avait par exemple esquissé en 1997 dans Les fondements de la stratégie chinoise[1]. Mais Jean Lévi le fait à partir de son étude personnelle des textes anciens. En véritable sinologue, il ne se contente pas de traduire ce que les historiens chinois modernes écrivent, mais livre sa propre vision de la question.

Nos connaissances personnelles ne nous permettent absolument pas de remettre en cause la moindre ligne de ce qui est présenté[2]. L’érudition de Jean Lévi sur le sujet apparait incontestable : sa traduction commentée des textes chinois, œuvre véritablement encyclopédique, fait de lui un connaisseur intime du sujet et une référence indiscutable.

Sur la forme, le propos est construit à partir de citations des textes de l’époque qui nous sont parvenus. Comme à son habitude, l’auteur possède un style littéraire indéniable et maîtrise l’art de la formule.

Un livre de référence, donc, sur l’art de la guerre dans la Chine antique.


[1] Valérie Niquet, Les fondements de la stratégie chinoise, Economica, 1997. Le périmètre des deux études ne se recouvre toutefois pas rigoureusement car, à travers ses 85 pages, l’ouvrage de Valérie Niquet cherche à présenter l’évolution de la pensée stratégique chinoise sur toute l’histoire du pays, des premiers temps jusqu’à nos jours.

[2] La vision du traité de Sun Tzu apportée par Jean Levi est très différente de la nôtre : plus authentique, sa lecture cherche à rendre ce que le stratège chinois a voulu dire et non, comme nous le faisons, ce que nous, lecteurs occidentaux contemporains, pouvons en retirer.

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