Afin de poursuivre la réflexion commencée dans le billet Jusqu’où interpréter Sun Tzu ?, nous allons nous intéresser à un type de détournement des propos de L’art de la guerre relativement pernicieux : celui de la confusion des niveaux tactique et stratégique.
Notons pour commencer que Sun Tzu ne formalise pas cette existence de différents niveaux de décision. Il les voyait probablement comme un continuum et non comme des catégories pouvant présenter des ruptures. Nous tâcherons cependant ici de lire son traité à travers ce prisme d’une distinction entre le niveau stratégique et le niveau tactique[1].
Certains des préceptes de L’art de la guerre sont rattachables avec certitude à un niveau :
« On n’entreprend pas une action qui ne répond pas aux intérêts du pays, on ne recourt pas aux armes sans être sûr du succès, on ne combat pas lorsqu’on n’est pas menacé. » (chapitre 12) : niveau stratégique
« Si les oiseaux s’envolent, il y a embuscade, si les quadrupèdes fuient, il se prépare une offensive générale. » (chapitre 9) : niveau tactique