L’art de la guerre ne présente que peu de contradictions flagrantes. Il ne s’agit pas d’un ouvrage ésotérique ampli d’antinomies, lesquelles offriraient la possibilité de toutes les interprétations possibles. Toutefois, certaines assertions apparemment contradictoires peuvent y être trouvées. Nous allons dresser ici un petit catalogue d’affirmations pouvant à la fois être soutenues et contredites au sein du traité. Dans la présentation qui suit, la première maxime correspond à l’illustration du précepte, la seconde à son infirmation.
Il faut jeter ses soldats dans des situations désespérées pour les pousser au bout d’eux-mêmes :
« On jette [ses soldats] dans une situation sans issue, de sorte que, ne pouvant trouver le salut dans la fuite, il leur faut défendre chèrement leur vie. Des soldats qui n’ont d’autre alternative que la mort se battent avec la plus sauvage énergie. N’ayant plus rien à perdre, ils n’ont plus peur ; ils ne cèdent pas d’un pouce, puisqu’ils n’ont nulle part où aller. Aventurés en territoire hostile, ils serrent les rangs ; n’ayant d’autre alternative, ils se ruent au combat. » (chapitre 11)
« J’ai peu confiance dans ces subterfuges consistant à entraver les chevaux et à enterrer les roues des chars » (chapitre 11)