Sun Tzu, une icône de la culture pop ?

Un tag urbain citant Sun Tzu

Le nom de Sun Tzu peut désormais réellement être considéré comme faisant partie de la culture populaire française. Outre les déclinaisons en bandes dessinées, Sun Tzu est ainsi présent aussi bien sur des tags urbains (Cf. illustration ci-contre) que dans des chansons de rap[1]. L’art de la guerre est cité dans des films et fait même l’objet de jeux (nous reviendrons sur ces supports dans de prochains billets).

Un indicateur intéressant de la popularité de Sun Tzu en France nous paraît être le nombre de fausses citations qu’on lui attribue. Il s’en trouve partout : sur Internet bien sûr (« Une foule ne fait pas une armée, un tas de briques, un mur. », site Zone militarisée), dans des revues (« Une attaque peut manquer d’ingéniosité, mais il faut qu’elle soit menée à la vitesse de l’éclair. », Casus Belli de 1988[2]), voire dans des publications officielles militaires ! (« L’affaiblissement ou l’élimination d’un adversaire est possible grâce à un usage habile d’une rumeur ponctuelle ou répétitive savamment diffusée. », Les cahiers du CESAT[3]).

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Quelle traduction retenir ?

La version que nous recommandons

[MàJ 01/09/2016 : Nouvelle image de couverture]

Des lecteurs de ce blog nous l’ont fait remarquer, nous nous référons toujours à la traduction de Jean Lévi dès lors qu’il s’agit de citer Sun Tzu. Pourquoi ce choix ?

Nous allons reprendre le cheminement qui nous a conduit à cette préférence.

La question étant « quelle édition choisir ? », ce billet va s’efforcer de livrer un titre unique et non une sélection de « bons » titres parmi lesquels un choix resterait quand même à faire… L’exercice est bien sûr hautement critiquable, n’hésitez pas à le commenter.

Pour parvenir à cette discrimination parmi la trentaine de versions existantes, nous procèderons par élimination.

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Sun Tzu prône-t-il la décorrélation du politique et du militaire ?

Le chef politique et le chef militaire

Sun Tzu se montre relativement radical vis-à-vis du rôle du souverain dans la conduite de la guerre :

« Un souverain peut être une cause de troubles pour l’armée de trois façons. Il entrave les opérations militaires quand il commande des manœuvres d’avance et de recul impraticables ; il trouble l’esprit des officiers quand il cherche à intervenir dans l’administration des trois armes alors qu’il en ignore tout ; il sème la défiance chez les hommes en cherchant à s’immiscer dans la distribution des responsabilités alors qu’il ne connaît rien à l’exercice du commandement. » (chapitre 3)

Cela signifierait-il que selon lui, pour retourner la formule de Clémenceau, la guerre serait une chose trop grave pour être confiée au politique ?

Absolument pas. Bien au contraire.

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Sun Tzu et les concubines du roi

Les concubines du roi

Connaissez-vous l’anecdote des concubines ?

Il s’agit d’une histoire légendaire mettant en scène Sun Tzu. Elle provient des Mémoires historiques de Sima Qian[1], ouvrage chinois majeur du Ier siècle av. J.-C. qui racontait sur 130 chapitres l’histoire de la Chine des temps mythiques jusqu’à l’empereur Wu des Han.

Le texte est donc très largement postérieur à l’écriture de L’art de la guerre. Il est en outre manifestement légendaire (les Mémoires historiques situent Sun Tzu au VIe av. J.-C. alors que l’on sait que le traité a été écrit deux siècles plus tard).

Mais cette anecdote est à peu près la seule histoire que l’on ait de Sun Tzu et, comme nous le verrons dans un prochain billet, elle présente un certain intérêt pour la compréhension de son traité.

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De l'(in-)utilité des transpositions de L’art de la guerre

Sun Tzu s'applique vraiment à tous les domaines...

Sun Tzu s’applique vraiment à tous les domaines…

Pour faire suite à notre billet Pourquoi trouve-t-on autant de transpositions de L’art de la guerre ?, si nous avions déjà évoqué les ouvrages transposant Sun Tzu à d’autres domaines que celui militaire (médecine, séduction et développement personnel féminin, …), force est de constater que ce genre d’articles pullule sur Internet. Aucun thème ne semble épargné : management, entretien de recrutement, survivalisme, insertion professionnelle, médias sociaux, sécurité des systèmes d’information, jeu d’échecs, gestion des risquesstratégie thérapeutiqueguerre de l’information, management appréciatif, etc. etc.

Nous sommes personnellement assez critiques vis-à-vis de ce genre d’articles. En effet, l’attitude béni-oui-oui consistant à montrer que L’art de la guerre est applicable au champ d’étude concerné en ne transposant qu’une sélection des préceptes de Sun Tzu nous paraît particulièrement creuse et stérile. Nous considérons ainsi qu’il n’y a pas de réel intérêt à cette démarche : le lecteur de Sun Tzu n’apprendra rien, pas plus que l’amateur (et encore moins le spécialiste) du sujet concerné, qui restera également sur sa faim puisqu’il ne trouvera là que de grandes généralités sans aucun développement véritablement concret et novateur.

Nous avons toutefois identifié deux cas où cet exercice pouvait se révéler intéressant :

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