L’art de la guerre ne présente pas un style unique. Si nous avions recensé dans le billet Qui parle ? les multiples formulations employées par Sun Tzu pour exposer ses préceptes, nous allons voir ici que d’autres aspects donnent au traité une impression de patchwork littéraire.
Pour commencer, constatons que si le style général du traité est globalement déclamatoire, quelques passages sont exposés dans un style narratif, tranchant avec le reste du texte :
« Quel indescriptible tohu-bohu ! Comme le combat est confus ! et cependant rien ne peut semer le désordre dans leurs rangs. Quel chaos ! quel méli-mélo ! ils sont repliés sur eux-mêmes comme une boule, et pourtant nul ne peut venir à bout de leur disposition. » (chapitre 5)
De même, quelques envolées lyriques surgissent par endroits :
« Qui excelle à la défensive se cache au plus profond des neuf replis de la Terre ; qui excelle à l’offensive se meut au-dessus des neuf étages du Ciel. » (chapitre 4)
« Une armée victorieuse est comme un poids d’une livre face à une once, une armée vaincue est une once face à une livre. Si les soldats d’une troupe victorieuse ont la puissance d’une chute d’eau tombant d’une hauteur de mille toises, ils la doivent à l’effet de leurs formations. » (chapitre 4)