Les transpositions de L’art de la guerre à d’autres disciplines que celles militaires sont pléthoriques. En présentant chaque jour une ressource différente, les réseaux sociaux de Sun Tzu France l’illustrent d’ailleurs bien[1]. Des obèses aux videurs de boîtes de nuit, en passant par les écrivains ou les joueurs de poker, il n’est guère de domaine qui ne se soit vu offrir les enseignements de Sun Tzu.
Pourquoi une telle diversification ? Selon Chin-Ning Chu, auteure de L’art de la guerre pour les femmes, « L’art de la guerre puise ses racines dans la philosophie taoïste, qui est fondée sur l’observation des règles qui existent dans la nature. […] Etant donné que le livre de Maître Sun se fonde sur des principes universels, il n’est pas étonnant qu’il puisse être appliqué à chacun des aspects de nos vies ». L’argument paraît valable. D’autant plus que Sun Tzu a écrit son traité sous une forme relativement généraliste (voire confuse), rendant ainsi possible toutes sortes d’interprétations.
Pour illustrer ce processus de transposition, servons-nous de l’exemple de Chin-Ning Chu en imaginant ce qu’a dû être son raisonnement : elle souhaitait écrire un livre sur le développement personnel féminin. Mais en allant dans une librairie, elle se rendait bien compte que des pans entiers de livres existaient sur ce sujet. Pourquoi le sien sortirait-il du lot ? Parce qu’il ne s’intitulerait pas « Le développement personnel féminin », comme tous les autres, mais « L’art de la guerre pour les femmes ». Il dirait les mêmes choses que les autres, mais avec un emballage insolite et donc (peut-être) attractif. C’est ainsi que Chin-Ning Chu ne révolutionne en rien son sujet ; mais elle propose de le traiter sous un prisme inédit : Sun Tzu.
Bien sûr, la transposition doit parfois se faire aux forceps. Ainsi, dans le chapitre 12 « attaques par le feu » consacré… aux attaques par le feu (!), Chin-Ning Chu peut difficilement trouver une transposition sur ce sujet relevant de la stricte tactique militaire. Elle doit donc broder. C’est ainsi que le sujet du chapitre devient « Renaître de ses cendres ». Certes, il y a la notion de feu…
En fait, dans toutes ces transpositions, ce n’est pas l’amateur de Sun Tzu qui est visé, mais celui de la discipline étudiée. Dans 99 % des cas, le militaire ou le sinologue n’apprendra rien d’un livre sur « Sun Tzu et le basket-ball » ou d’un article sur « L’art de la guerre appliqué à l’architecture ». En revanche, il est possible que l’amateur de basket-ball ou le bâtisseur en herbe trouve intéressant le point de vue exprimé sous cet angle. Peut-être en effet que le développement à son domaine d’intérêt du précepte « la guerre repose sur le mensonge » lui sera d’une quelconque inspiration.
Le marché existe donc. Voilà sans doute la raison pour laquelle autant de transpositions de L’art de la guerre existent.
Le titre de ce livre est d’une bêtise abyssale et d’une misogynie inqualifiable. Et c’est horrible de constater qu’il a été écrit par une femme (vous êtes sûr de l’info???). C’est une honte que ce titre ait trouvé un éditeur.
J’attends avec impatience « l’art de la guerre pour les hommes »…
Je n’ai pas lu cet ouvrage et ne risque pas de le faire mais peut-être n’est-il pas question de Sun Tzu? il y a tant d’auteurs qui ont écrit des arts de la guerre: Clausewitz, Machiavel, pour ne citer que les plus connus.
Si « l’art de la guerre pour les nuls » existe, au moins, c’est amusant, mais « l’art de la guerre pour les femmes » est un titre consternant.
Mais la lectrice est intelligence et elle n’a pas acheté ce livre honteux.
Attention à ne pas se méprendre : L’art de la guerre pour les femmes n’est pas un synonyme de L’art de la guerre pour les Nuls (ce dernier titre n’existant d’ailleurs pas). Il s’agit juste d’une transposition du traité de Sun Tzu au domaine du développement personnel féminin.
Je suis également choquée par le titre de cet ouvrage qui est complètement idiot et qui a visiblement peu à voir avec Sun Tzu.
Je suis d’accord avec le commentaire de Lucie.
Même l’auteur de ce blog aurait pu prendre un exemple différent pour montrer que ce pauvre Sun Tzu est l’objet de toutes les dérives et que son nom est associé à tout et n’importe quoi.