L’art de la bière

Selon certaines études américaines, l’homme n’aurait créé la guerre qu’afin de trouver un prétexte à consommer plus de bière.

Selon certaines études américaines, l’homme n’aurait créé la guerre que pour trouver un prétexte à consommer plus de bière.

Pour la plupart des « experts », L’art de la guerre serait une théorie de l’affrontement physique. Cette interprétation simpliste est à tel point répandue que rares sont les personnes à encore s’interroger sur le sens réel que pourrait avoir le texte de Sun Tzu. Il est pourtant aujourd’hui acquis que ses véritables intentions étaient de traiter d’un sujet tout autre, beaucoup moins avouable.

La bière.

Prenez le temps de relire L’art de la guerre en remplaçant le mot « guerre » par le mot « bière ». Tout deviendra alors limpide ; chaque précepte se décryptera en mettant à jour une extraordinaire profondeur. Par exemple, les premières phrases du traité « La guerre est la grande affaire des nations […]. On ne saurait la traiter à la légère » se révèlent une formidable et visionnaire injonction à une consommation modérée…

L’intégralité du traité se fait ainsi jour de façon évidente pour l’amateur de bière. L’étude des terrains surprend par son acuité : en consacrant trois chapitres complets (sur 13) à cette question, Sun Tzu montre toute l’importance qu’il est nécessaire d’accorder au terroir. L’érudition de l’étude est d’ailleurs telle qu’elle ne se cantonne pas à la stricte consommation – sujet déjà très vaste, mais s’étend aussi à la fabrication :

« La guerre est subordonnée à cinq facteurs […] Le second est le climat, le troisième la topographie […] » (chapitre 1)

Comment ne pas lire ici l’injonction de prendre en compte, outre le terroir, le facteur météo pour déterminer si une bière sera bonne ou pas (une mauvaise saison peut avoir des conséquences catastrophiques sur la qualité du houblon produit).

Ce constat aujourd’hui banal avait véritablement tout de visionnaire, voire d’hérétique à l’époque de Sun Tzu. On comprend dès lors mieux pourquoi ce dernier a préféré dissimuler son propos sous le couvert du conflit armé, activité la plus couramment pratiquée par la population et, de fait, la plus anodine à l’époque des Royaumes combattants. Comme l’explique le sinologue Jean Lévi, « la guerre, la façon de conduire et de mener les opérations militaires, n’est nullement le but fondamental [du traité de Sun Tzu]. Il en est le prétexte. […] Si les militaires occidentaux limitent leur objet à cette chose qu’est, pour les théoriciens chinois, le théâtre des opérations, un livre comme le Sun Tzu s’intéresse essentiellement à tout ce qui pour leurs collègues de l’autre extrémité du continent ne concerne pas la guerre. »[1]

Si l’on prend la période du XXe siècle et ses 231 millions de morts dus aux guerres[2], nous arrivons à une moyenne de 4,4 morts par minute. A mettre en perspective des 348 000 litres de bières consommés chaque minute de par le monde[3]. La comparaison est sans appel et ne peut que démontrer de manière irréfutable que l’objet réel d’un traité aussi profond que celui de Sun Tzu ne pouvait être que la bière, et non la guerre.

Rien d’étonnant, dès lors, à ce que la Chine soit aujourd’hui le premier producteur mondial de cette boisson. Il ne faut y voir là qu’une application rigoureuse du traité ancestral de Sun Tzu, partie intégrante de la culture chinoise.

Cette analyse zythologique[4] est d’autant plus remarquable que non seulement ce breuvage n’existait pas encore à l’époque de Sun Tzu, mais qu’en plus il n’attendra les côtes de la Chine qu’au début du XXe siècle[5] ! L’antique stratège avait donc fait preuve ici d’une formidable prescience, qui ne cesse de nous impressionner.


[1] Sun Tzu, L’art de la guerre, traduit par Jean Lévi, Editions Hachette, Paris, 2000, pp. 35 à 37.

[2] Source : Etude de L’institut néerlandais de relations internationales Clingendael : Deaths in wars and conflicts in the 20th century.

[3] Source : Planetescope.

[4] La zythologie est la science de la bière. Comme le précise le Wiktionnaire, le mot est composé de zytho- du grec ancien ζῦθος (zŷthos, « bière ») et de -logie du grec ancien λόγος (lógos, « parole »).

[5] Le principal breuvage alcoolisé en Chine a été l’alcool de riz. La bière n’a été introduite qu’au début du XXe siècle par les Allemands.

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