Comment furent accueillis Les Treize articles ?

Les treize articles

Si la traduction du père Amiot publiée en 1772 fut bien signalée par la presse de l’époque, elle ne fut cependant pas réellement critiquée. Pourquoi ?

Comme nous l’avons précédemment évoqué, la toute première traduction française de L’art de la guerre date de 1772. Elle était l’œuvre du père Amiot, jésuite français missionnaire en Chine. Le texte, alors intitulé Les treize articles sur l’art militaire, faisait partie d’un recueil comprenant plusieurs autres traités : l’Art militaire des Chinois. Ce recueil fut réédité tel quel en 1782 sous la forme du septième tome des Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, les mœurs, les usages, etc. des Chinois par les missionnaires de Pé-kin.

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Des altérations subies par L’art de la guerre

La conservation des manuscrits du Yinqueshan

Nous fêtons ce mois-ci le quarantième anniversaire de la découverte des manuscrits du Yinqueshan (Cf. notre billet La révolution de 1972). Cette découverte mit en lumière le phénomène de modifications successives que connut le texte de Sun Tzu. En effet, la plus ancienne version du traité jusqu’alors connue ne datait que du XIe siècle et n’avait pas été altérée depuis. Le texte du Yinqueshan avait été, lui, rédigé vers la fin du IIe siècle av. J.-C.. Près de 300 différences existaient avec le texte du XIe siècle (et ce alors que seuls 40 % du texte étaient exploitables).

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La révolution de 1972

Musée des manuscrits du Yinqueshan, en Chine

Nous fêterons dans quelques jours les 40 ans de la découverte des « manuscrits du Yinqueshan ».

En avril 1972 était en effet découverte en Chine une tombe au pied de la montagne Yinqueshan[1]. Cette tombe datait d’environ 130 av. J.-C. et était celle d’un dignitaire militaire surnommé « Sima » qui s’était fait enterrer avec sa bibliothèque. Au sein de celle-ci figuraient des fragments d’un exemplaire de L’art de la guerre de Sun Tzu (ainsi que, pour la première fois, de L’art de la guerre de Sun Bin[2]). Le texte de Sun Tzu avait sans doute été couché sur bambous une cinquantaine d’années auparavant. Environ 40 % du texte standard étaient préservés.

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Napoléon a-t-il lu Sun Tzu ?

Napoléon enfant à l’école de Brienne

Il est courant de voir écrit que Napoléon fut un lecteur avide de Sun Tzu, ce qui pourrait expliquer ses victoires militaires[1]. Pourtant, cette affirmation est très certainement fausse.

Plusieurs raisons plaident en effet contre. Si d’un point de vue purement chronologique, Napoléon aurait effectivement pu lire Les treize articles, rien n’indique cependant qu’il ait jamais eu l’ouvrage entre les mains. Le traité était de toute façon passé relativement inaperçu lors de sa sortie, et Napoléon n’avait que peu connaissance des affaires de la Chine. En outre, la traduction du Père Amiot était relativement absconse et sensiblement éloignée de celles que nous connaissons aujourd’hui, présentant beaucoup moins d’originalités stratégiques. Enfin, force est de constater que l’Empereur n’a jamais réellement mis en œuvre les préceptes de Sun Tzu.

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Des difficultés du père Amiot à traduire Sun Tzu

Discours préliminaire de l’Art militaire des Chinois, 1772

Une fois n’est pas coutume, nous laisserons dans ce billet parler le père Amiot, qui raconte dans l’introduction de son Art militaire des Chinois paru en 1772 combien fut difficile la traduction du traité de Sun Tzu :

Ce n’est pas sans avoir vaincu bien des obstacles que j’ai conduit [ce travail] à la fin. Le laconisme, l’obscurité, disons mieux, la difficulté des expressions chinoises n’est pas un des moindres ; cent fois rebuté, j’ai abandonné cent fois une entreprise que je croyais être, et qui était en effet au-dessus de mes forces : j’y renonçais entièrement, lorsque le hasard me remit sur les voies, dans le temps même que mes occupations semblaient devoir m’en éloigner d’avantage. Voici, en peu de mots, quelle en a été l’occasion.

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