Sun Tzu est-il le véritable auteur de L’art de la guerre ?

Qui a écrit L’art de la guerre ?

L’étude de la structure de L’art de la guerre laisse très sceptique quant à la possibilité que le traité ait pu être écrit d’un bloc par un auteur unique.

Comme le fait remarquer le groupe Denma[1], le premier chapitre, le seul adressé au souverain plutôt qu’au général, semble avoir été ajouté le dernier, en au moins deux étapes identifiables. Il se peut que les textes les plus anciens soient ceux qui constituent les chapitres 8 à 11, qui se caractérisent par des topologies et des listes de terrains, et non, comme dans les chapitres précédents, par des passages conceptuellement sophistiqués. Toutefois, les contenus de tous les chapitres sont si profondément mélangés qu’il est impossible de clairement distinguer des strates successives.

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Il n’y a pas que les livres papier !

Une version du père Amiot vendue 10 euros…

Le livre papier « conventionnel » n’est pas le seul support sur lequel figure L’art de la guerre. Si nous avons précédemment étudié le cas de la bande dessinée, le traité de Sun Tzu peut également se trouver sous forme numérique et sous forme audio. Aucune vidéo ne propose pour l’heure de lecture du traité en français.

Concernant les livres audio, tous sont payants et tous reposent sur la version de l’Impensé radical[1]. Nous l’avons dit, cette version dénature trop les propos de Sun Tzu, contribuant à donner une fausse idée de l’œuvre. Il est donc regrettable d’avoir à conclure que le support audio n’est pour l’heure pas à même d’offrir une vision (ou plutôt une écoute…) correcte du traité de Sun Tzu.

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Sun Tzu est-il un théoricien de la non-guerre ?

La non-violence est-elle possible ?

Une idée communément véhiculée est que Sun Tzu serait un chantre de l’absence de bataille, voire de la non-violence. Il est vrai que certaines de ses maximes semblent aller en ce sens :

« Le grand capitaine soumet les armées sans combat. » (chapitre 3)

ou :

« Remporter cent victoires après cent batailles n’est pas le plus habile. Le plus habile consiste à vaincre l’ennemi sans combat. » (chapitre 3, traduction du groupe Denma)

Mais Sun Tzu prône-t-il réellement de ne pas combattre ?

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Quelle traduction retenir ?

La version que nous recommandons

[MàJ 01/09/2016 : Nouvelle image de couverture]

Des lecteurs de ce blog nous l’ont fait remarquer, nous nous référons toujours à la traduction de Jean Lévi dès lors qu’il s’agit de citer Sun Tzu. Pourquoi ce choix ?

Nous allons reprendre le cheminement qui nous a conduit à cette préférence.

La question étant « quelle édition choisir ? », ce billet va s’efforcer de livrer un titre unique et non une sélection de « bons » titres parmi lesquels un choix resterait quand même à faire… L’exercice est bien sûr hautement critiquable, n’hésitez pas à le commenter.

Pour parvenir à cette discrimination parmi la trentaine de versions existantes, nous procèderons par élimination.

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Sun Tzu et les concubines du roi

Les concubines du roi

Connaissez-vous l’anecdote des concubines ?

Il s’agit d’une histoire légendaire mettant en scène Sun Tzu. Elle provient des Mémoires historiques de Sima Qian[1], ouvrage chinois majeur du Ier siècle av. J.-C. qui racontait sur 130 chapitres l’histoire de la Chine des temps mythiques jusqu’à l’empereur Wu des Han.

Le texte est donc très largement postérieur à l’écriture de L’art de la guerre. Il est en outre manifestement légendaire (les Mémoires historiques situent Sun Tzu au VIe av. J.-C. alors que l’on sait que le traité a été écrit deux siècles plus tard).

Mais cette anecdote est à peu près la seule histoire que l’on ait de Sun Tzu et, comme nous le verrons dans un prochain billet, elle présente un certain intérêt pour la compréhension de son traité.

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