Quelle est la mission du général ?
Vaincre ! Tout simplement. Le terme (dans sa forme nominale ou adjective) revient d’ailleurs 51 fois dans ce texte de moins de 10 000 mots. Rien que dans le 1er chapitre :
« Ceux qui possèdent à fond [ces cinq facteurs] remportent la victoire. »
« La réponse à ces questions permet de déterminer à coup sûr le camp qui détient la victoire. »
« Le général qui se fie à mes calculs sera nécessairement victorieux : il faut se l’attacher. »
« Tels sont les stratagèmes qui apportent la victoire. »
« La victoire est certaine quand les supputations élaborées dans le temple ancestral avant l’ouverture des hostilités donnent un avantage dans la plupart des domaines […]. Ainsi, qui additionne de nombreux atouts sera victorieux, qui en a peu sera vaincu. »
Cependant, s’il ne demeure aucune ambiguïté sur l’objectif du général, il n’est pas certain que ce dernier puisse accomplir sa mission, fut-il le meilleur choix du souverain. En effet, en contradiction avec les promesses de victoire certaine martelées dans le premier chapitre, aucun calcul stratégique ne peut garantir la victoire. Tout au plus la non-défaite :
« L’invincibilité dépend de soi, la vulnérabilité de l’autre. En effet, si un habile guerrier peut forger son invincibilité, la vulnérabilité de l’ennemi est indépendante de sa volonté. C’est pourquoi je dis : on peut connaître les moyens de la victoire sans nécessairement l’obtenir. » (chapitre 4)
Une telle situation peut par exemple se produire lorsque les deux adversaires sont aussi habiles l’un que l’autre (cf. notre billet Que faire si votre adversaire a aussi lu Sun Tzu ?) Par cette dernière maxime, Sun Tzu concède donc qu’il est possible de ne pas vaincre, même en appliquant rigoureusement ses préceptes.