Connais-toi toi-même, disait Sun Tzu

Mosaïque d’un couvent romain présentant le Gnôthi seautón, « connais-toi toi-même »

Pour obtenir la victoire, le général doit, outre connaître le plus parfaitement possible son ennemi, se connaître lui-même :

« Qui connaît l’autre et se connaît, en cent combats ne sera point défait ; qui ne connaît l’autre mais se connaît, sera vainqueur une fois sur deux ; qui ne connaît pas plus l’autre qu’il ne se connaît sera toujours défait. » (chapitre 3)

L’injonction de Sun Tzu rejoint ici le Gnôthi seautón, « connais-toi toi-même », que les Grecs avaient inscrit au fronton du temple de Delphes et sur lequel Socrate bâtissait sa sagesse. En effet, le général doit être lucide sur ses qualités et ses défauts pour savoir mettre en valeur ses forces et ne pas prêter le flanc à ses faiblesses. Il doit de même avoir conscience de ses traits de personnalité et de ses tendances profondes pour ne pas se laisser dominer par elles :

Continuer la lecture

Faut-il tenir ses troupes dans l’ignorance ?

Sun Tzu préconise-t-il le mutisme du chef ?

Nous avons vu dans le billet précédent que le général devait penser son action de façon à préserver le secret sur ses intentions. Mais une autre forme de dissimulation est évoquée dans L’art de la guerre : celle à avoir vis-à-vis de ses propres troupes :

« Un général se doit d’être impavide pour garder ses secrets […]. Il lui incombe d’obstruer les yeux et les oreilles de ses hommes pour les tenir dans l’ignorance. » (chapitre 11)

Cette injonction est particulièrement troublante. Elle semble s’inscrire dans la considération relativement froide dont peut témoigner Sun Tzu à l’égard de la troupe, comme :

« On jette [ses hommes] dans une situation sans issue, de sorte que, ne pouvant trouver le salut dans la fuite, il leur faut défendre chèrement leur vie. […] Quand [le général] mène ses hommes au combat, c’est comme s’il leur retirait l’échelle sous les pieds après les avoir fait grimper en haut d’un mur. » (chapitre 11)

L’objectif est ici triple : se prémunir d’une fuite qui viendrait de ses troupes, asseoir son commandement et ne pas alourdir inutilement le processus de transmissions des ordres.

Continuer la lecture

Sun Tzu et le secret

La préservation du secret, un besoin depuis longtemps identifié

Corollaire de la recherche de renseignement évoquée dans le billet précédent, il convient de se prémunir de l’exercice de cette activité par l’adversaire. Il s’agit logiquement de chercher à être le plus hermétique possible face au renseignement de l’ennemi. Moins ce dernier connaîtra avec précision notre position, nos effectifs et nos intentions, et moins il sera à même d’avoir l’initiative de l’action. Il sera alors obligé d’agir dans le brouillard, en se rabattant sur une disposition à même d’englober tout le champ des possibles, manœuvre qui s’avèrera donc nécessairement peu efficace car ne pouvant répondre à aucun des principes de la guerre : concentration des efforts, économie des moyens, liberté d’action.

« S’il ne sait où je vais porter l’offensive, l’ennemi est obligé de se défendre sur tous les fronts. » (chapitre 6)

Continuer la lecture

Du renseignement

Sun Tzu, premier théoricien du renseignement

Si, comme nous l’avons vu dans le billet précédent, Sun Tzu évoque les espions pour acquérir le renseignement sur l’ennemi, ce n’est pas le seul moyen. Les éclaireurs, qui fournissent une information d’intérêt plus immédiat, témoignent également d’une démarche de recherche active du renseignement :

« Qui ne sait recourir aux éclaireurs sera incapable de tirer parti des avantages du terrain » (chapitre 11)

Outre l’espionnage, un autre procédé peut être déduit des propos de Sun Tzu pour acquérir cette connaissance de l’adversaire : la manœuvre, les reconnaissances et les coups de sonde :

« Examinez les plans de l’ennemi pour en connaître les mérites et démérites ; poussez-le à l’action pour découvrir les principes de ses mouvements ; forcez-le à dévoiler son dispositif afin de déterminer si la position est avantageuse ou non ; harcelez-le afin de repérer ses points forts et ses points faibles. » (chapitre 6)

Continuer la lecture

De l’espionnage

L’espionnage, une pratique plus que jamais d’actualité

Sun Tzu consacre l’intégralité du dernier chapitre de son traité aux espions. Pour lui, leur usage relève de l’obligation :

« Un prince avisé et un brillant capitaine sortent toujours victorieux de leurs campagnes et se couvrent d’une gloire qui éclipse leurs rivaux grâce à leur capacité de prévision. Or la prévision ne vient ni des esprits ni des dieux ; elle n’est pas tirée de l’analogie avec le passé pas plus qu’elle n’est le fruit des conjectures. Elle provient uniquement des renseignements obtenus auprès de ceux qui connaissent la situation de l’adversaire. » (chapitre 13)

L’art de la guerre se termine d’ailleurs sur cette phrase :

« Le rôle [des espions] est essentiel et […] sur eux reposent les mouvements d’une armée. » (chapitre 13)

Continuer la lecture