Une nouvelle version de L’art de la guerre vient de paraître

L’art de la guerre illustré aux éditions Encore

Les éditions Encore viennent de faire paraître une « Nouvelle édition illustrée » de L’art de guerre.

Officiellement présentée comme « traduite du chinois par le père Amiot, version abrégée », nous avons en réalité là le texte de l’Impensé radical de 1971, duquel ont curieusement été retirés quelques paragraphes. La raison de ces coupes reste pour nous un mystère, sachant que cela ne peut être pour une question de place étant donné le gain de texte relativement faible au final.

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Napoléon a-t-il lu Sun Tzu ?

Napoléon enfant à l’école de Brienne

Il est courant de voir écrit que Napoléon fut un lecteur avide de Sun Tzu, ce qui pourrait expliquer ses victoires militaires[1]. Pourtant, cette affirmation est très certainement fausse.

Plusieurs raisons plaident en effet contre. Si d’un point de vue purement chronologique, Napoléon aurait effectivement pu lire Les treize articles, rien n’indique cependant qu’il ait jamais eu l’ouvrage entre les mains. Le traité était de toute façon passé relativement inaperçu lors de sa sortie, et Napoléon n’avait que peu connaissance des affaires de la Chine. En outre, la traduction du Père Amiot était relativement absconse et sensiblement éloignée de celles que nous connaissons aujourd’hui, présentant beaucoup moins d’originalités stratégiques. Enfin, force est de constater que l’Empereur n’a jamais réellement mis en œuvre les préceptes de Sun Tzu.

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Le père Amiot a-t-il réellement traduit Sun Tzu ?

Les treize articles de Sun-Tse, 1772

Si le père Amiot a l’incontestable mérite d’avoir compris l’importance des Treize articles de Sun-Tse (titre qu’il avait donné à sa traduction de L’art de la guerre), le texte qu’il nous a livré se révèle relativement éloigné des traductions modernes. La différence saute aux yeux dès le premier regard : alors qu’une traduction moderne comme celle de Jean Lévi[1] compte 577 mots pour le premier chapitre, celle du père Amiot en utilise plus du double : 1204 !

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Des difficultés du père Amiot à traduire Sun Tzu

Discours préliminaire de l’Art militaire des Chinois, 1772

Une fois n’est pas coutume, nous laisserons dans ce billet parler le père Amiot, qui raconte dans l’introduction de son Art militaire des Chinois paru en 1772 combien fut difficile la traduction du traité de Sun Tzu :

Ce n’est pas sans avoir vaincu bien des obstacles que j’ai conduit [ce travail] à la fin. Le laconisme, l’obscurité, disons mieux, la difficulté des expressions chinoises n’est pas un des moindres ; cent fois rebuté, j’ai abandonné cent fois une entreprise que je croyais être, et qui était en effet au-dessus de mes forces : j’y renonçais entièrement, lorsque le hasard me remit sur les voies, dans le temps même que mes occupations semblaient devoir m’en éloigner d’avantage. Voici, en peu de mots, quelle en a été l’occasion.

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Le père Amiot, encyclopédiste de la Chine

Le septième tome (sur 15) de l'encyclopédie du monde chinois du père Amiot, contenant Les treize articles

Le septième tome (sur 15) de l’encyclopédie du monde chinois du père Amiot, contenant Les treize articles

Nous avons rapidement brossé dans le précédent billet la vie du père Amiot, tout premier traducteur de L’art de la guerre hors du monde asiatique. Nous allons nous intéresser ici au colossal travail auquel se livra le jésuite pour faire connaître le monde chinois à la France.

Ce dernier était en effet un lettré et un scientifique, et possédait des connaissances importantes en histoire, littérature, mathématiques, physique et musique. Il a légué au monde un nombre important d’écrits et de correspondances sur des sujets très divers incluant par exemple, la médecine, la philosophie, les sciences astronomiques et les danses rituelles chinoises.

Mais il convient avant toute chose de comprendre que le père Amiot n’était pas un cas isolé : les hommes de science que la Compagnie de Jésus envoyait de France avaient en effet une double mission : prêcher l’Evangile, et concourir, par tous les moyens que pouvait fournir leur position spéciale, à enrichir les sciences et les arts de l’Europe. Nonobstant les incontestables facultés intellectuelles du père Amiot, ce dernier ne s’était donc livré à tous ces travaux, si étrangers à l’exercice strict de son ministère, que par souci de remplir son mandat.

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