Les 275 commandements de Sun Tzu

Sur 40 pages, Sun Tzu a délivré un nombre impressionnant de commandements.

Sur 40 pages, Sun Tzu a délivré un nombre impressionnant de commandements.

Nous allons ici proposer notre découpage de L’art de la guerre en commandements directs de Sun Tzu (i.e. exposés sous la forme impérative). Nous en avons recensé 275, sachant que ce comptage est éminemment subjectif et personnel. Ainsi avons-nous choisi de nous en tenir aux stricts commandements directifs de Sun Tzu et ne pas d’extrapoler à ses propos non-injonctifs (qui pourraient n’être lus que comme de simples recommandations). A titre d’exemple, après la phrase d’introduction sur la guerre, grande affaire des nations, le chapitre 1 commence par ces propos :

La guerre est subordonnée à cinq facteurs ; ils doivent être pris en compte dans les calculs afin de déterminer avec exactitude la balance des forces.
Le premier est la vertu, le second le climat, le troisième la topographie, le quatrième le commandement, le cinquième l’organisation.
La vertu est ce qui assure la cohésion entre supérieurs et inférieurs, et incite ces derniers à accompagner leur chef dans la mort comme dans la vie, sans crainte du danger.
Le climat est déterminé par l’alternance de l’ombre et de la lumière, du chaud et du froid ainsi que par le cycle des saisons.
La topographie comprend : les distances et la nature du terrain, lequel peut-être accidenté ou plat, large ou resserré, propice ou néfaste.
Le commandement dépend de la perspicacité, de l’impartialité, de l’humanité, de la résolution et de la sévérité du général.
Par organisation, il faut entendre la discipline, la hiérarchie et la logistique.
Il n’est chef de guerre qui n’ait entendu parler de ces cinq facteurs ; ceux qui les possèdent à fond remportent la victoire ; ceux qui n’en ont pas la parfaite intelligence connaissent la défaite.
En effet, pris en compte dans les calculs, ils permettent une évaluation exacte du rapport de forces. Il suffit pour cela de se demander :
Qui a les meilleures institutions ? Qui a le meilleur général ? Qui a les conditions climatiques et géographiques les plus favorables ? Qui a la meilleure discipline ? Qui a l’armée la plus puissante et les soldats les mieux aguerris ? Qui possède le système de récompenses et de châtiments le plus efficace ?
La réponse à ces questions permet de déterminer à coup sûr le camp qui détient la victoire.
Le général qui se fie à mes calculs sera nécessairement victorieux : il faut se l’attacher ; le général qui se refuse à les entendre sera régulièrement défait : il faut s’en séparer !

Suivant notre choix de ne recenser que les strictes injonctions de Sun Tzu, il ne ressort de ce passage que l’unique commandement :

  • Prendre en compte dans les calculs les cinq facteurs (vertu, climat, topographie, commandement et organisation) afin de déterminer avec exactitude la balance des forces.

Mais nous aurions tout aussi bien pu extrapoler des propos de Sun Tzu ce que nous ne percevons que comme des recommandations ou des descriptions. Nous aurions alors abouti aux 16 prescriptions suivantes :

  1. Posséder la vertu
  2. Prendre en compte les conditions météorologiques
  3. Prendre en compte le terrain
  4. Etre perspicace
  5. Etre impartial
  6. Faire preuve d’humanité
  7. Faire preuve de résolution
  8. Etre sévère
  9. Faire régner la discipline
  10. Organiser correctement son armée
  11. Assurer sa logistique
  12. Avoir de bonnes institutions dans le pays
  13. Avoir un meilleur général que l’adversaire
  14. Avoir une armée puissante
  15. Avoir des soldats aguerris
  16. Instaurer un système efficace de récompenses et châtiments

Nous le voyons, le périmètre de ce qui est pris en compte est déterminant, mais subjectif. Notre sélection, restrictive, aboutit pourtant déjà à 275 commandements. Considérant que le traité ne fait qu’une quarantaine de pages, nous pouvons en conclure que Sun Tzu est particulièrement directif. L’art de la guerre est bien un manuel pratique ; il ne cherche pas à développer une théorie de la guerre comme le fait Clausewitz : il livre directement le manuel d’utilisation de son système[1].

Afin de permettre à celui qui le voudrait de remonter facilement aux citations originelles, la liste des 275 commandements a été établie en suivant le déroulé du traité. Elle conduit donc nécessairement à la présence de doublons ou des commandements très similaires, comme ci-dessous à propos de la surprise :

  • Commandement 16 : Attaquer là où l’adversaire ne nous attend pas (« Attaquez là où il ne vous attend pas », chapitre 1)
  • Commandement 17 : Toujours surgir à l’improviste (« Surgissez toujours à l’improviste », chapitre 1)
  • Commandement 80 : Frapper l’ennemi à l’improviste (« Je frappe [l’ennemi] l’improviste », chapitre 6)
  • Commandement 106 : Avoir une armée qui frappe avec la soudaineté de la foudre (« [Une armée] frappe avec la soudaineté de la foudre. », chapitre 7)
  • Commandement 213 : Profiter de ce que l’autre n’est pas prêt pour surgir à l’improviste (« A la guerre, tout est affaire de rapidité. On profite de ce que l’autre n’est pas prêt, on surgit à l’improviste », chapitre 11)

Bien sûr, il conviendra à celui qui cite Sun Tzu de s’assurer qu’il ne dévoie pas la pensée du stratège chinois. Nous avons en effet vu dans le précédent billet que citer un précepte de façon isolée pouvait conduire à des contresens par rapport à la pensée de Sun Tzu.

Chapitre 1

1.           Prendre en compte dans les calculs les cinq facteurs (vertu, climat, topographie, commandement et organisation) afin de déterminer avec exactitude la balance des forces.
2.           Créer les conditions qui permettent le recours à des procédés qui sortent de la règle commune.
3.           Profiter de la moindre opportunité pour emporter l’avantage.
4.           Passer pour incapable si l’on est capable.
5.           Ne pas laisser voir lorsqu’on est prêt au combat.
6.           Sembler loin lorsqu’on est proche.
7.           Sembler proche lorsqu’on est loin.
8.           Attirer l’adversaire par la promesse d’un avantage.
9.           Prendre l’adversaire au piège en feignant le désordre.
10.         Se défendre si l’adversaire se concentre.
11.         Eviter l’adversaire s’il est fort.
12.         Provoquer l’adversaire s’il est coléreux.
13.         Exciter la morgue de l’adversaire s’il est méprisant.
14.         Fatiguer l’adversaire s’il est dispos.
15.         Semer la discorde.
16.         Attaquer là où l’adversaire ne nous attend pas.
17.         Toujours surgir à l’improviste.

Chapitre 2

18.         Disposer des fonds suffisants pour entreprendre une guerre.
19.         Avoir pleinement conscience des dangers inhérents à tout conflit armé.
20.         Ne pas procéder à deux levées d’hommes consécutives.
21.         Ne pas avoir besoin de trois réquisitions de grains.
22.         Se suffire de ses ressources propres et puiser ses vivres chez l’ennemi.
23.         Vivre sur l’ennemi.
24.         Exciter la fureur de ses hommes pour les inciter à massacrer l’ennemi.
25.         Appâter ses hommes par la promesse de récompenses afin de les inciter à attaquer l’ennemi pour s’emparer du butin.
26.         Récompenser le premier qui réussit à capturer dix chars adverses.
27.         Lorsque l’on a capturé des chars adversaires, substituer ses propres bannières à celles de l’ennemi, et disperser les attelages pris sur l’ennemi au milieu des siens.
28.         Traiter humainement les prisonniers.
29.         Viser la victoire immédiate et non une guerre d’usure.

Chapitre 3

30.         Préserver l’ennemi au lieu de le détruire.
31.         Soumettre l’ennemi sans combattre.
32.         Attaquer les plans de l’ennemi ; ensuite ses alliances ; ensuite ses troupes ; en dernier ses villes.
33.         N’attaquer une ville qu’en désespoir de cause.
34.         Soumettre les armées sans combat.
35.         Emporter les places sans en faire le siège.
36.         Renverser les nations sans campagnes prolongées.
37.         Encercler l’adversaire quand on dispose d’une supériorité de dix contre un.
38.         Assaillir l’adversaire à cinq contre un.
39.         Fractionner l’adversaire à deux contre un.
40.         Combattre l’adversaire à forces égales.
41.         Se défendre en état d’infériorité numérique.
42.         Se dérober à un ennemi qui nous surclasse sur tous les plans.
43.         Le souverain ne doit pas commander des manœuvres d’avance et de recul impraticables.
44.         Le souverain ne doit pas intervenir dans l’administration des trois armes alors qu’il en ignore tout.
45.         Le souverain ne doit pas s’immiscer dans la distribution des responsabilités alors qu’il ne connaît rien à l’exercice du commandement.
46.         Savoir quand il faut combattre et quand il faut s’en abstenir.
47.         Savoir commander aussi bien à un petit nombre d’hommes qu’à un grand.
48.         Savoir harmoniser la volonté des inférieurs et des supérieurs.
49.         Affronter un ennemi qui n’est pas préparé.
50.         Avoir des officiers compétents.
51.         Ne pas avoir à pâtir de l’ingérence du souverain.
52.         Connaître l’autre.
53.         Se connaître.

Chapitre 4

54.         Opposer son invincibilité à la vulnérabilité de l’ennemi.
55.         Utiliser la défensive pour assurer son invulnérabilité.
56.         Utiliser l’offensive pour profiter de la vulnérabilité de l’ennemi.
57.         Lorsque l’on ne dispose pas de suffisamment de forces, se défendre pour attendre le moment où nos forces seront en excédent, puis attaquer.
58.         Chercher à vaincre sans péril.
59.         Ne jamais laisser passer l’occasion de la victoire.
60.         Chercher à vaincre avant de combattre.
61.         Cultiver le « Principe ».
62.         Etre attentif aux lois.
63.         Effectuer une analyse stratégique comprenant : les superficies, les quantités, les effectifs, la balance des forces et la supériorité.

Chapitre 5

64.         Savoir organiser ses troupes (division en corps et répartition en unités) pour manœuvrer une armée.
65.         Utiliser les dispositions et les signaux pour manœuvrer une armée.
66.         Utiliser judicieusement les forces régulières et extraordinaires.
67.         Connaître les vides et les pleins.
68.         Faire preuve de puissance et de prestesse.
69.         Maintenir l’ordre et la discipline en plein combat.
70.         Modeler l’ennemi (par sa propre forme ou par un appât).
71.         Savoir manœuvrer pour employer au mieux ses hommes.

Chapitre 6

72.         Arriver le premier sur le lieu de l’affrontement.
73.         Diriger les mouvements de l’autre et ne pas se laisser dicter les siens.
74.         Attirer l’ennemi par la perspective d’un avantage.
75.         Ecarter l’ennemi par la crainte d’un dommage.
76.         Fatiguer l’ennemi s’il est dispos.
77.         Si l’ennemi est repu, l’affamer.
78.         Si l’ennemi est à l’arrêt, le contraindre au mouvement.
79.         Surgir là où l’ennemi ne peut nous atteindre.
80.         Frapper l’ennemi à l’improviste.
81.         Si de longues distances doivent être parcourues, éviter toute rencontre avec l’ennemi.
82.         N’attaquer que des places qui ne sont pas défendues.
83.         Si l’on décide de défendre une place, y mettre les moyens pour dissuader l’ennemi de l’attaquer.
84.         Se rendre invisible au renseignement ennemi.
85.         S’insinuer dans les vides de l’adversaire.
86.         Après une attaque, se retirer suffisamment vite pour ne pas être touché.
87.         Mettre l’ennemi dans une configuration où il pourra difficilement se prémunir contre l’acquisition de renseignement à son égard.
88.         Se prémunir contre l’acquisition du renseignement adverse.
89.         Créer l’incertitude en regroupant ses forces pour obliger l’ennemi à s’éparpiller.
90.         Attaquer en position de supériorité numérique.
91.         Examiner les plans de l’ennemi pour en connaître les mérites et démérites.
92.         Pousser l’ennemi à l’action pour découvrir les principes de ses mouvements.
93.         Ne jamais répéter une manœuvre, toujours la recréer.

Chapitre 7

94.         Savoir faire du chemin le plus long le chemin le plus court.
95.         Renverser le désavantage en avantage.
96.         Posséder à fond la dialectique du direct et de l’indirect.
97.         Connaître les objectifs stratégiques des autres princes.
98.         Connaître la nature du terrain.
99.         Savoir faire usage d’éclaireurs.
100.       Savoir se diviser et se regrouper au gré des mouvements de l’adversaire.
101.       Avoir une armée preste comme le vent.
102.       Avoir une armée majestueuse comme la forêt.
103.       Avoir une armée dévorante comme la flamme.
104.       Avoir une armée inébranlable comme la montagne.
105.       Avoir une armée insaisissable comme une ombre.
106.       Avoir une armée qui frappe avec la soudaineté de la foudre.
107.       Répartir le butin entre ses hommes lorsque l’on pille une région.
108.       Distribuer les profits lorsque l’on occupe un territoire.
109.       Toujours peser ses décisions en fonction de l’opportunité des circonstances.
110.       Savoir doser les stratégies directes et indirectes.
111.       Suppléer à la voix par le tambour et les cloches.
112.       Suppléer à l’œil par les étendards et les guidons.
113.       La nuit, utiliser de préférence les feux et les tambours, et, le jour, les bannières et les drapeaux.
114.       Eviter l’ennemi quand il est d’humeur belliqueuse.
115.       Attaquer l’ennemi quand il est indolent ou nostalgique.
116.       Opposer des combattants placés à proximité du théâtre des opérations à des hommes qui viennent de loin.
117.       Opposer des troupes fraîches à des soldats épuisés.
118.       Opposer des ventres pleins à des ventres vides.
119.       Ne pas affronter des bannières fièrement déployées ni des bataillons impeccablement ordonnés.
120.       Ne pas planter ses quartiers face à un lieu élevé.
121.       Ne pas prendre position devant un ennemi qui s’adosse à une éminence.
122.       Ne pas poursuivre une armée dont la retraite est simulée.
123.       Ne pas attaquer des corps d’élite.
124.       Ne pas gober l’appât que tend l’adversaire.
125.       Ne pas barrer la route à une troupe qui regagne ses foyers.
126.       Ménager une issue à une armée encerclée.
127.       Ne pas forcer un ennemi aux abois.

Chapitre 8

128.       Ne pas procéder au rassemblement des troupes dans un lieu encaissé.
129.       Opérer la jonction avec les forces alliées à un carrefour de communication.
130.       Ne pas s’attarder en terrain isolé.
131.       Monter des plans là où il risque l’encerclement.
132.       Livrer combat sur les terres mortelles.
133.       Savoir reconnaître les voies à ne pas emprunter.
134.       Savoir reconnaître les villes à ne pas investir.
135.       Savoir reconnaître les armées à ne pas affronter.
136.       Savoir reconnaître les provinces à ne pas conquérir.
137.       Savoir reconnaître les ordres royaux qui ne doivent pas être obéis.
138.       Connaître l’art des neuf retournements.
139.       Prendre toujours en compte dans les supputations tant les avantages que les inconvénients d’une option.
140.       Savoir déceler les profits.
141.       Ne pas négliger les risques.
142.       Eviter les désagréments.
143.       User de la menace pour contraindre les princes.
144.       Enrôler les princes par des projets.
145.       Faire accourir les princes par des promesses.
146.       Etre toujours en mesure de contrer l’ennemi.
147.       Ne pas se bercer de l’espoir que l’ennemi n’attaquera pas.
148.       Faire en sorte que l’ennemi ne puisse attaquer.
149.       Craindre la mort sans trop chérir la vie.
150.       Ne pas être coléreux pour ne pas réagir aux insultes.
151.       Ne pas se montrer trop homme d’honneur.
152.       Ne pas être compatissant.

Chapitre 9

153.       Lorsque l’on traverse les montagnes, suivre les vallées.
154.       Lorsque l’on traverse les montagnes, choisir son camp à l’adret d’une hauteur.
155.       En montagne, toujours chercher à combattre en position dominante.
156.       En montagne, éviter d’avoir à monter à l’assaut.
157.       Toujours s’établir à quelque distance d’un cours d’eau que l’on vient de traverser.
158.       Si l’armée adverse rencontre un fleuve dans sa progression, plutôt que de la combattre sur la rive opposée, attendre que la moitié de ses effectifs aient traversé pour attaquer.
159.       Si on livre bataille en milieu fluvial, ne pas se poster près de la rive, mais prendre position sur une éminence orientée au sud.
160.       En milieu fluvial, ne jamais être en aval de l’ennemi.
161.       Quand on traverse une région coupée de marécages, hâter le pas et s’en éloigner au plus vite.
162.       S’il faut affronter l’ennemi en zone marécageuse, se tenir à proximité des herbes aquatiques, dos à la forêt.
163.       En terrain plat, choisir un terrain aisé, avec l’aile droite adossée à une éminence.
164.       Préférer les terrains élevés aux terrains bas.
165.       Préférer l’adret à l’ubac.
166.       En présence de monticules ou de remblais, s’établir sur le versant ensoleillé, en y appuyant son flanc droit.
167.       En cas d’averse sur le cours supérieur d’un fleuve que l’on veut traverser en aval, ne franchir le gué qu’une fois la crue passée et l’étiage revenu à la normale.
168.       Dans les contrées coupées de précipices, fuir au plus vite et ne pas s’en approcher.
169.       Pour traverser des défilés, des dépressions humides recouvertes de roseaux ou des montagnes boisées à la végétation luxuriante, procéder à des battues méticuleuses pour éviter les embuscades.
170.       Lorsque l’adversaire se porte aux devants et tarde à engager le combat, sans toutefois se retirer, faire preuve de la plus grande circonspection.
171.       Savoir concentrer ses forces.
172.       Evaluer l’adversaire.
173.       Se gagner le cœur des hommes.
174.       Réfléchir pour ne pas être vaincu.
175.       Ne pas mépriser l’ennemi.
176.       Ne pas sévir contre des troupes qui ne nous sont pas attachées.
177.       Ne pas se refuser à appliquer les châtiments sous prétexte que les troupes nous sont attachées.

Chapitre 10

178.       En terrain accessible, s’établir le premier à l’adret d’une éminence et s’assurer de lignes d’approvisionnement commodes.
179.       En terrain neutralisant, éviter de tenter une sortie même si l’ennemi offre un avantage.
180.       En terrain neutralisant, battre en retraite pour attirer l’ennemi, puis passer à la contre-attaque une fois la moitié de ses effectifs engagés.
181.       En terrain resserré, si l’on est le premier à occuper les lieux, bloquer tous les passages et attendre l’adversaire de pied ferme.
182.       En terrain resserré, si l’adversaire nous a devancé et tient tous les accès, renoncer à le suivre.
183.       En terrain resserré, si l’adversaire nous a devancé mais ne tient qu’imparfaitement les accès, s’y risquer.
184.       En terrains accidentés, au cas où l’on y prend position en premier, choisir le versant sud d’une hauteur pour affronter l’ennemi.
185.       En terrains accidentés, si l’ennemi nous a devancé, battre en retraite et renoncer à le suivre.
186.       Ne pas combattre à un contre dix.
187.       Avoir la fermeté et la rigueur requises.
188.       Si l’on affronte un ennemi qui aligne des troupes supérieures en nombre ou en puissance, lui opposer un corps d’élite.
189.       Ne pas recourir à la force des armes sans avoir une connaissance parfaite de l’ennemi et du terrain.
190.       Si la théorie militaire nous donne pour victorieux, même si le souverain s’y oppose, passer outre et livrer combat.
191.       Si les lois de la stratégie nous donnent pour battu, renoncer aux hostilités, même si le souverain le commande.
192.       Aimer ses soldats et les chérir comme un fils bien aimé.
193.       Savoir assigner de tâches aux hommes et s’en faire obéir.
194.       Etre fixé sur ses propres capacités offensives.
195.       Etre fixé sur le potentiel défensif adverse.
196.       Savoir si le terrain se prête à l’engagement.

Chapitre 11

197.       En terre d’anéantissement, se battre avec l’énergie du désespoir ou périr.
198.       Eviter de combattre en terrain de dispersion.
199.       Ne pas s’arrêter sur une terre de négligence.
200.       Ne pas attaquer en terre de confrontation.
201.       Ne pas se laisser isoler en terre de rencontre.
202.       Faire la jonction en terrain de communication.
203.       Piller en terrain de diligence.
204.       Passer son chemin en terrain de piège.
205.       Monter des plans en terrain d’encerclement.
206.       Livrer bataille en terrain d’anéantissement.
207.       Désorganiser l’ennemi.
208.       Si les forces ennemies sont dispersées, les empêcher de se rassembler.
209.       Si les forces ennemies sont rassemblées, leur interdire tout mouvement coordonné.
210.       Entreprendre une action sitôt qu’elle était opportune.
211.       Renoncer à une action dès lors qu’elle ne présente pas d’avantage.
212.       Si l’ennemi fond sur nous avec des troupes nombreuses et en bon ordre, attaquer ce à quoi il tient.
213.       Profiter de ce que l’autre n’est pas prêt pour surgir à l’improviste.
214.       Attaquer ce qui n’est pas défendu.
215.       Piller les campagnes fertiles pour pourvoir aux besoins en nourriture des troupes.
216.       S’assurer que ses soldats sont bien nourris et reposés pour stimuler leur ardeur et accroître leur énergie.
217.       Jeter ses soldats dans une situation sans issue pour que, ne pouvant trouver le salut dans la fuite, il leur faille défendre chèrement leur vie.
218.       Faire taire les rumeurs.
219.       Proscrire les sorts.
220.       Guider l’armée comme on mène un homme par la main, en le mettant constamment le dos au mur.
221.       Etre impavide pour garder ses secrets.
222.       Etre rigoureux pour faire observer l’ordre.
223.       Obstruer les yeux et les oreilles des hommes pour les tenir dans l’ignorance.
224.       Modifier ses objectifs, bouleverser ses plans, déplacer ses bivouacs et varier ses itinéraires pour déjouer toute prévision.
225.       Rassembler ses troupes pour les jeter au cœur du danger.
226.       Etudier avec la plus grande attention tant la stratégie commandée par le terrain ou l’opportunité des avances et des replis, que les lois qui président aux sentiments humains.
227.       En terre de dispersion, souder la volonté de ses hommes.
228.       En terre de négligence, renforcer la cohésion de ses hommes.
229.       En terrain de confrontation, presser les arrières de ses hommes.
230.       En terrain de rencontre, surveiller la défense de ses hommes.
231.       En terrain de communication, consolider les alliances.
232.       En terrain de diligence, veiller à la continuité de l’approvisionnement.
233.       En terre de piège, poursuivre sa route.
234.       En terre d’encerclement, bloquer les passages.
235.       En terre d’anéantissement, montrer à ses hommes que l’on est prêt à mourir.
236.       S’informer des menées des seigneurs pour devancer leurs alliances.
237.       Connaître la nature du terrain pour conduire une armée.
238.       Savoir recourir aux éclaireurs pour tirer parti des avantages du terrain.
239.       Savoir dispenser des récompenses non prévues par la loi et promulguer des édits qui ne sont consignés dans aucun code.
240.       Savoir mouvoir la multitude des armées comme on dirige un seul homme.
241.       Occuper l’armée avec des tâches et ne pas s’embarrasser de lui en expliquer le pourquoi.
242.       Exciter l’armée par la perspective de profits en se gardant bien de la prévenir des risques.
243.       Feindre de se conformer aux desseins de l’ennemi.
244.       A la veille de toute opération militaire, fermer les passes et boucler les frontières ; détruire les sauf-conduits et rompre tout contact avec les envoyés adverses ; dans la salle du conseil, mettre la dernière main au plan de campagne.
245.       Si l’ennemi laisse béer l’ouverture, s’y engouffrer sans délai et se rendre maître d’au moins un point vital, sans laisser l’ennemi deviner la date choisie pour l’engagement.
246.       Combiner les plans en fonction des mouvements de l’ennemi et décider alors du lieu et du moment de la bataille décisive.
247.       Se présenter d’abord comme une vierge timide ; lorsque l’ennemi ouvre sa porte, rapide comme le lièvre, ne pas lui laisser le temps de la refermer.

Chapitre 12

248.       Avoir à disposition, en toutes circonstances, le matériel nécessaire au déclenchement des feux.
249.       Allumer des feux par temps sec.
250.       Pour allumer des feux, choisir les jours où la Lune se trouve dans les constellations du Van, du Mur, des Ailes ou la Caisse du Chariot.
251.       Dans tout usage militaire de la pyrotechnie, s’adapter aux modalités particulières inhérentes à chacune des cinq sortes d’attaques par le feu.
252.       Lorsque le feu éclate à l’intérieur du camp adverse, être immédiatement prêt à intervenir du dehors.
253.       Si, en dépit de l’éclatement de l’incendie, l’ennemi reste calme, ne pas se précipiter à l’assaut mais patienter.
254.       Une fois que le feu fait rage, poursuivre son action si on en a la possibilité.
255.       Une fois que le feu fait rage, renoncer à son action si elle devient impossible à réaliser.
256.       Si l’on choisit de provoquer l’incendie du dehors, le faire au moment opportun.
257.       Se garder d’attaquer sous le vent.
258.       Connaître les modalités inhérentes aux cinq sortes d’attaques par le feu, afin de s’en protéger par les moyens appropriés.
259.       Savoir exploiter les fruits de ses victoires.
260.       Ne pas entreprendre une action qui ne répond pas aux intérêts du pays.
261.       Ne pas recourir aux armes sans être sûr du succès.
262.       Ne pas combattre lorsqu’on n’est pas menacé.
263.       Ne pas lever pas une armée sous le coup de la colère.
264.       Ne pas engager la bataille sur un mouvement d’humeur.
265.       N’entreprendre une action que si elle répond à un intérêt, sinon y renoncer.
266.       Se contrôler.

Chapitre 13

267.       Se renseigner sur l’adversaire.
268.       Faire preuve d’intelligence et de bonté pour recruter et diriger des agents secrets.
269.       Faire preuve de subtilité et de discrétion pour exploiter correctement les renseignements fournis par les agents secrets.
270.       Si une opération secrète s’ébruite avant qu’elle n’ait été menée à bien, éliminer l’espion ainsi que la source de la fuite.
271.       Pour monter une attaque, s’emparer d’une ville ou assassiner un ennemi, se renseigner au préalable sur l’identité du général responsable, des membres de sa suite, des chambellans, des portiers, des secrétaires, et s’assurer que les espions en soient toujours parfaitement informés.
272.       Repérer les agents ennemis envoyés en renseignement.
273.       Entrer en contact avec les agents ennemis pour les soudoyer.
274.       Appâter les agents ennemis par une promesse d’établissement.
275.       Grâce aux informations obtenues par les agents doubles, s’assurer les services des agents indigènes et des agents intérieurs.


[1] Sur certains points, Sun Tzu a tout de même un souci d’observation et de description (ex : « L’inflation fait rage partout où passent les troupes ; et, là où les prix flambent, les biens du peuple s’épuisent. », chapitre 2).

En outre, sans être un Jomini, il s’efforce d’apporter quelques définitions des concepts de la guerre. Ainsi tâche-t-il d’être exhaustif dans la présentation des différents types de terrain ou d’espions. Une fois ces définitions posées, les recommandations peuvent suivre (« Evitez de combattre en terre de dispersion », « ne vous arrêtez pas sur une terre de négligence », etc.). Toutefois, force est de constater que la totalité de ces définitions et énumérations apparaissent aujourd’hui bien caduques…

Source de l’image : infographie de l’auteur

2 réflexions sur « Les 275 commandements de Sun Tzu »

  1. Bravo et merci pour ce travail de synthèse.
    Je serai néanmoins d’un avis différent concernant la conclusion et l’aspect caduque des propositions.
    Pour synthétiser ma pensée, je prendrais un exemple, celui du mot imbécile, dont l’origine serait latine et définirait celui qui se déplace sans bâton. Aujourd’hui effectivement cela peut sembler caduque.
    Mais à une époque de petits chemins, grandes forêts, diversité animale prédatrice dont l’homme fait également parti, le sens me semble beaucoup plus porteur que celui proposé par les dictionnaires actuels.
    Le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt et le présent serait plein de tous les avenirs si le passé n’y projetait déjà une histoire.
    Sincères salutations.

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