De quand date le texte de L’art de la guerre que nous connaissons ?

Un texte définitif datant du IIe siècle ap. J.-C. ?…

Si Sun Tzu a formalisé sa pensée durant la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C., et que la plus ancienne version du texte qui nous soit parvenue date d’environ 180 av. J.-C., il apparaît que le traité lui-même a pu n’être finalisé dans sa forme actuelle que bien plus tardivement.

L’imprimerie n’existant pas encore[1], il était logique que de nombreuses versions de L’art de la guerre se soient progressivement développées en parallèle.

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L’art de la guerre est-il complet ?

Le traité est-il complet ?

Le traité est-il complet ?

Bien des passages de L’art de la guerre laissent un goût d’inachevé, voire donnent nettement l’impression que le traité est incomplet ! En effet, certaines parties paraissent de toute évidence manquantes. Plusieurs énumérations péremptoires ne sont ainsi suivies d’aucunes explications, comme :

« L’analyse stratégique comprend : les superficies, les quantités, les effectifs, la balance des forces, la supériorité » (chapitre 4)

… sans que soient fournies plus de précisions. Pire : les « neuf retournements » censés être l’objet du chapitre 8 ne sont explicités ni dans ce chapitre ni dans le reste du traité (excepté dans la « traduction » du père Amiot, mais il s’agit dans ce cas-là d’une interprétation).

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Sun Tzu sur les écrans

Une référence directe au traité de Sun Tzu

En dépit d’une indéniable présence de Sun Tzu dans la culture populaire, force est pourtant de constater que L’art de la guerre est relativement absent des écrans.

Certes, on le trouve bien cité deux fois dans le Wall Street d’Oliver Stone, datant de 1987. Il donne également son titre à un film d’action avec Wesley Snipes ; deux suites verront d’ailleurs le jour[1]. Mais c’est tout pour les écrans de cinéma.

A la télévision, Sun Tzu est bien sporadiquement cité par le personnage principal de la série Les Sopranos (commencée en 1999), mais il s’agit de l’unique référence que nous avons pu identifier.

Et nous avons fait le tour ! Et encore, nous n’avons à chaque fois-là que de traductions françaises de productions américaines : rien qui ne soit véritablement français.

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Les années 2000 et la folie Sun Tzu

Sun Tzu est partout ! Paris Hilton lisant L’art de la guerre

Les années 2000 (à partir de 1999 pour être exact) marquèrent la véritable explosion de Sun Tzu en France. Alors que, nous l’avons vu récemment, seulement quatre traductions différentes étaient proposées au lecteur en 1998, nous en sommes à plus de vingt en 2012 ! (Cf. notre billet Combien de versions différentes ?). Sans explication apparente, 1999 marqua le déclenchement de cette frénésie où pratiquement chaque année vit apparaître au moins une nouvelle traduction. De même, nombre d’articles sur Sun Tzu furent écrits à partir de cette date (surtout il est vrai en transposition au monde de l’entreprise). Enfin, l’essor d’Internet permit également la prolifération d’articles et de billets mis en ligne sur tout type de blogs.

Nous aurions logiquement pu présenter les parutions par ordre chronologique, mais ce choix nous a paru peu pertinent car chaque nouvelle édition de L’art de la guerre sortait de façon relativement indépendante de celles qui l’avaient précédée. Aussi nous a-t-il semblé plus judicieux de regrouper ces parutions par type :

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1988 : Première traduction directement du chinois au français

La traduction de Valérie Niquet en 1988

La traduction de Valérie Niquet en 1988

En 1988, la première traduction directement du chinois au français depuis le père Amiot (et même la toute première de l’Histoire, puisque le jésuite se basait en réalité sur un texte en mandchou…) vit le jour aux éditions Economica sous la plume de Valérie Niquet. Si cette dernière conserva bien le titre « L’art de la guerre », elle opta cependant pour la transcription pinyin[1] « Sun Zi ».

Probablement saluée par les militaires[2], cette traduction sembla en revanche avoir été vivement critiquée par les sinologues[3]. Il est vrai  que le propos de Sun Tzu en devenait parfois relativement inintelligible. A la décharge de Valérie Niquet,  il convient toutefois de rappeler que ce travail fut la seule traduction directe du chinois disponible pendant plus de dix ans ; les sinologues eurent donc largement le temps de s’épancher sur les imperfections de cette toute première traduction. En 1999, Valérie Niquet corrigea dans une nouvelle édition nombre des erreurs qui lui avaient été reprochées ; elle parfera son travail en 2012 à travers une troisième édition (Cf. la deuxième note de notre billet Combien de versions françaises différentes ?).

Les dix années suivantes furent alors marquées par les reproductions de traductions déjà existantes.

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