Le ministère de l’Education nationale vient enfin d’officialiser que L’art de la guerre sera mis au programme des classes du Brevet d’étude professionnel. Plus précisément, pour reprendre la dépêche du site du Ministère :
A compter de la rentrée scolaire 2015, le programme des cours de français de l’ensemble des BEP des métiers de l’artisanat sera organisé autour de l’étude d’une œuvre unique : L’art de la guerre de Sun Tzu.
L’examen écrit portera sur la compréhension générale du texte et l’examen détaillé d’une idée particulière. Une mise en lumière des différences entre la philosophie de l’auteur avec les modes de pensée occidentaux sera recherchée.
Une ou plusieurs questions subsidiaires porteront sur les rudiments de civilisation chinoise de l’ère préchrétienne, ainsi que sur les philosophies chinoises contemporaines. Quatre points supplémentaires seront attribués à cette partie.
L’annonce était attendue depuis plus d’un an, nous craignions qu’elle n’ait été enterrée pour n’être qu’un effet d’annonce à un public restreint. Nous rappelons les propos du secrétaire d’Etat chargé de l’enseignement des métiers de l’artisanat, Patrick Lézentery, pour qui le traité du « stratège et philosophe chinois Sun Tzu » constituait en effet la « quintessence de la sagesse que possèdent les meilleurs artisans ». Selon lui, « toutes les situations sont prévues, tout peut être lu à la lumière des enseignements de Sun Tzu » et « les réponses apportées dans ce traité vieux de 2500 ans conservent toute leur pertinence aujourd’hui ». Les propos du secrétaire d’Etat rejoignaient pleinement l’analyse que nous avions faite dans notre billet Pourquoi trouve-t-on autant de transpositions de L’art de la guerre ?
Le choix d’un ouvrage par endroit sibyllin semble avoir été volontairement recherché, afin de répondre aux objectifs assignés aux cours de français des classes de BEP : la découverte d’un grand classique de l’Humanité, et le travail de réflexion sur un texte ne présentant pas de difficulté majeure de compréhension, mais dont le sens profond nécessite une compréhension globale. Et par là-même, la découverte de la nécessité pour chaque citoyen d’acquérir une réflexion propre sur les messages pouvant lui être adressés.
Le secrétaire d’Etat avoue à demi-mot un objectif caché : « Même si ce n’est pas le but premier recherché, l’assimilation de la façon dont raisonnent les Chinois ne pourra que mieux nous armer face à la déferlante de produits issus du continent asiatique ». Comme ne l’aurait pas désavoué Sun Tzu, il convient aujourd’hui de « penser comme l’ennemi » si l’on ne veut pas être spectateur de notre inéluctable défaite.
Le projet de loi devrait être proposé au Parlement en juin prochain. Espérons que le gouvernement ne reculera pas sur cette initiative, qui ne fait que nous conforter dans la nécessité de mener ce travail d’étude sur L’art de la guerre.
Source de l’image : capture d’écran de l’auteur
un peu gros comme ruse , hein…… 🙂 mais c est bien tenté
Que j’aurais bien aimé étudier Sun Tzu en BEP… A notre modeste niveau certes mais nous en aurions sans doute tiré quelques enseignements… A condition que ce ne soit pas mon prof d’histoire de l’époque qui l’enseigne… ;o)
Mais dommage… C’est le premier avril et le BEP n’existe plus…
Pourtant l’idée me séduisait, moi qui plus de vingt ans après le BEP et d’autres diplômes (contrairement à ce que l’on pense le BEP n’est pas que une voie de garage) suis de plus en plus convaincu que les entreprises actuelles auraient beaucoup à retirer de la stratégie et des fonctionnements des armées (Pragmatisme et concret… Bref « faut que ça marche »…).