Nous avons vu dans le billet précédent que les véritables renseignements concernant la vie de Sun Tzu étaient bien fragmentaires et sujets à caution. Pour autant, cela n’empêche pas les Chinois de produire des biographies détaillées du stratège. Il est même possible de trouver des versions romancées de la vie de Sun Tzu. Par exemple un manhua en français en 10 volumes, un roman en anglais de 320 pages, ou une série télévisée chinoise de 40 épisodes de 45 minutes chacun…
Voici une biographie détaillée trouvée sur Internet, sur le site Chine Informations, non sourcée :
Sun Wu, connu sous le nom de Sunzi 孫子 ou Sun Tzu , a vécu dans l’État de Qi au VIe siècle av. J.-C., à l’époque des Printemps et Automnes (770-476 av. J.-C.). Ses ancêtres avaient pour nom de famille Tian et formaient une grande famille de haut rang de Qi. Son grand-père, Tian Shuguan, haut dignitaire de Qi, était doué pour les affaires militaires. Comme il avait accompli un brillant exploit dans l’expédition contre l’État de Ju (actuel district de Juxian du Shandong), le roi de Qi lui octroya un fief et lui conféra le nom de famille de Sun. Sun Ping, père de Sun Wu, était un ministre de Qi, le plus haut dignitaire au-dessous du roi.
Cette situation familiale de noblesse et de grand renom a offert des conditions d’études exceptionnellement favorables à Sun Wu, qui, dès son enfance, a parcouru quantité de livres et acquis des connaissances vastes et profondes. Non seulement il a lu bon nombre d’œuvres militaires de l’Antiquité, mais encore il a été le témoin de guerres.
Alors qu’il avait une dizaine d’années, la situation politique de la cour de Qi déclinait, les disputes pour le pouvoir et les avantages, tant ouvertes que clandestines, étaient de plus en plus acharnées. Sun Wu, qui nourrissait de nobles idéaux, en a éprouvé de l’antipathie et a décidé de partir au loin pour mettre ses aspirations en valeur. En 517 av. J.-C. environ, alors âgé de 18 ans, il a cherché refuge dans l’État de Wu, dont la puissance s’accroissait, et il y a fait la connaissance de Wu Zixu, un général renommé.
À son arrivée dans l’État de Wu, Sun Wu a vécu en ermite dans les montagnes. Il a écrit 13 chapitres de l’art de la guerre, à partir de ses recherches sur la doctrine militaire, des textes qui seront en quelque sorte les ancêtres de L’art de la guerre de Sunzi .
Plus tard, sous la recommandation de Wu Zixu, Sun Wu est devenu général de Wu. Comme il commandait bien les troupes, leur qualité et leur capacité de combat s’élevèrent considérablement. En l’an 512 av. J.-C., ces troupes ont remporté victoire après victoire dans les batailles contre Zhongwu et Shu, deux petits États féodaux.
En l’an 506 av. J.-C., l’État de Chu, adversaire redoutable de Wu, a attaqué l’État de Cai, possédé par l’État de Wu ; le roi de Wu, de concert avec Wu Zixu et Sun Wu, commanda 30 000 soldats bien entraînés pour faire la guerre à l’État de Chu. Sous le commandement de Sun Wu, 30 000 soldats de Wu ont réussi à vaincre 200 000 troupes de Chu, créant ainsi un exemple typique de bataille remportée sur un ennemi supérieur en nombre.
Cette bataille démontrait on ne peut mieux les principes de combat préconisés par Sun Wu. En l’an 484 av. J.-C., avec l’aide de Sun Wu et de Wu Zixu, l’État de Wu était devenu le pays le plus puissant d’alors.
Après que l’État de Wu eut vassalisé les autres États de l’époque des Royaumes combattants, Fu Chai, roi de Wu, est devenu peu à peu arrogant. Il a pris ses distances des hommes de bien et s’est rapproché des vils. Il n’écoutait plus les avis sincères et tuait les hommes de mérite. Wu Zixu fut forcé à se suicider.
Au fil des ans, les conflits armés et les intrigues des milieux officiels ont peu à peu désabusé Sun Wu et l’ont obligé à mener une vie d’ermite. Dans le calme de la forêt, il a écrit des articles sur l’armée et sur les politiques et s’est adonné à la révision des 13 chapitres de l’art de la guerre, en fonction de ses expériences dans l’entraînement des armées et le commandement des troupes.
On ignore où s’est terminé la vie de Sun Wu. Pourtant, il a laissé au monde L’art de la guerre de Sunzi, un héritage éternel. Une centaine d’années plus tard, dans l’histoire de la Chine, est apparu Sun Bin, un autre expert militaire qui a bouleversé le monde. Il a laissé un autre ouvrage militaire L’art de la guerre de Sun Bin. On dit que de nombreuses annales historiques l’ont également enregistré comme descendant de Sun Wu.
Cette biographie est manifestement une concaténation de sources parlant de près ou de loin de Sun Tzu ou d’un personnage que l’on pourrait penser être Sun Tzu. Ces sources peuvent être inconnues, perdues ou tout simplement inventées.
Source : peinture de Onésimo Colavidas, extraite d’une version de L’art de la guerre disponible uniquement en numérique