Nous avons vu dans le billet précédent que le général devait penser son action de façon à préserver le secret sur ses intentions. Mais une autre forme de dissimulation est évoquée dans L’art de la guerre : celle à avoir vis-à-vis de ses propres troupes :
« Un général se doit d’être impavide pour garder ses secrets […]. Il lui incombe d’obstruer les yeux et les oreilles de ses hommes pour les tenir dans l’ignorance. » (chapitre 11)
Cette injonction est particulièrement troublante. Elle semble s’inscrire dans la considération relativement froide dont peut témoigner Sun Tzu à l’égard de la troupe, comme :
« On jette [ses hommes] dans une situation sans issue, de sorte que, ne pouvant trouver le salut dans la fuite, il leur faut défendre chèrement leur vie. […] Quand [le général] mène ses hommes au combat, c’est comme s’il leur retirait l’échelle sous les pieds après les avoir fait grimper en haut d’un mur. » (chapitre 11)
L’objectif est ici triple : se prémunir d’une fuite qui viendrait de ses troupes, asseoir son commandement et ne pas alourdir inutilement le processus de transmissions des ordres.