La couverture de 1972 de la traduction du général Griffith
Outre le communément répandu « Sun Tzu », les orthographes suivantes de l’auteur de L’art de la guerre peuvent être recensées : Sun Zi[1], Sunzi[2], Sun Wu[3], Sun Tse[4], Sun-Tze[5], Sun Tsu[6] et Souen Tseu[7]. Pourquoi avons-nous retenu la première ?
La transcription des noms chinois se fait de nos jours selon le système « pinyin », développée dans les années 50 en Chine populaire. Les idéogrammes 孫子 (孙子 en chinois simplifié) se transcrivent alors : Sun Zi, ou plus exactement Sūn Zǐ. Malheureusement ce système donne une idée fausse des prononciations à un public de non-spécialistes et ne retranscrit pas ainsi clairement la phonétique du nom [suən.ts̩]. Cette dernière est mieux rendue par le système de l’Ecole Française d’Extrême-Orient (EFEO) : Souen Tse(u). L’orthographe Sun Tzu est quant à elle la transcription selon le système anglo-saxon dit « Wade-Giles », largement répandue en France grâce au succès de la traduction en 1972 du général américain Samuel Griffith. Toutes les autres graphies ne sont que des tentatives de retranscription phonétique.
Sauf un : le nom d’usage réel du personnage, s’il a vraiment existé, était en réalité Sun Wu (孫武). Sun étant le nom de famille et Zi signifiant « maître », comme dans : Lao Zi, Confucius (Kong Zi) ou encore Mencius (Meng Zi). Ce titre de « Sun Zi » pourrait ne lui avoir été décerné que de façon posthume.
De même que l’usage a retenu Confucius à Kong Zi, nous avons donc opté pour Sun Tzu plutôt que Sun Zi, l’orthographe anglo-saxonne ayant imprégné une génération complète de militaires, génération dont nous faisons partie.
Notons enfin qu’avant la sortie de la traduction du général Griffith en 1972, L’art de la guerre ne portait pas encore ce nom mais s’appelait Les treize articles, titre qu’avait retenu deux siècles plus tôt le père Amiot pour sa toute première traduction française du traité.