Nous nous heurtons à un véritable problème : l’interprétation livrée dans le précédent billet est-elle correcte ?
Cette compréhension d’une injonction de combat en essaim modifie en effet fondamentalement la compréhension classique du système suntzéen. Il ne s’agit pas simplement ici de décortiquer la façon dont L’art de la guerre préconise d’utiliser les espions ou de lister les qualités que doit posséder le parfait général selon Sun Tzu ; cela conditionne véritablement toute la lecture du traité, et peut amener à donner une interprétation spécifique de certains préceptes (par exemple ceux relatifs aux forces ordinaires et extraordinaires).
Pourquoi douter ? La notion de combat en essaim est d’une modernité si forte qu’il n’est pas incongru de la suspecter d’anachronisme : si certaines armées ont su par le passé mettre en œuvre la notion de combat tournoyant[1], il paraît en revanche surprenant que Sun Tzu puisse recommander un tel procédé à son époque. Cette forme de combat n’était pas mise en œuvre dans l’univers des Royaumes combattants, ni même avant dans le monde chinois.
Nous pourrions rétorquer que Sun Tzu décrivait-là une technique idéale, de la même façon qu’il prônait de rechercher des victoires sans combat alors que les batailles qui se livraient autour de lui étaient de véritables boucheries.