L’affrontement physique ne doit pas être vu comme le seul moyen possible de résoudre un conflit. Il ne faut au contraire s’y résoudre que si toutes les autres formes possibles de conquête de la victoire ont échoué :
« Etre victorieux dans tous les combats n’est pas le fin du fin ; soumettre l’ennemi sans croiser le fer, voilà le fin du fin. » (chapitre 3)
Pour ne pas en arriver aux effusions de sang, le général dispose d’au moins deux procédés :
« Le mieux, à la guerre, consiste à attaquer les plans de l’ennemi ; ensuite ses alliances ; ensuite ses troupes ; en dernier ses villes. » (chapitre 3)
Après avoir étudié comment attaquer les plans de l’ennemi, nous allons ici nous intéresser à cette autre entreprise préventive possible : l’action sur les alliances.
L’art de la guerre parle de « ballet diplomatique » :
« […] A ceci s’ajoutent les dépenses pour supporter les efforts de l’arrière et du front, les frais occasionnés par le ballet diplomatique entre royaumes […] » (chapitre 2)
A noter que Sun Tzu n’identifie pas clairement qui est en charge de passer les alliances : le général ou le souverain ?
L’art de la guerre identifie au moins un procédé : dissuader les Etats tiers de conclure des alliances avec l’adversaire :
« L’armée d’un roi dominateur […] fait-elle planer une menace sur un de ses voisins que les autres puissances n’osent nouer avec lui des alliances. » (chapitre 11)
La connaissance de l’environnement géostratégique par le renseignement est essentielle :
« Qui ignore les objectifs stratégiques des autres princes ne peut conclure d’alliance. » (chapitre 7)
« Qui omet de se tenir au courant des menées des seigneurs ne pourra devancer leurs alliances. » (chapitre 11)
Si Sun Tzu traite surtout de l’action à mener pour briser les alliances de l’adversaire, il évoque également les siennes. Mais ses propos semblent paradoxaux. D’un côté, il annonce qu’une victoire devrait pouvoir se remporter sans nouer d’alliance :
« Sans avoir à disputer aux autres princes leurs faveurs ni à graisser la patte des ministres influents à la cours des seigneurs, rien qu’en comptant sur ses propres capacités, [un roi dominateur] est capable d’imposer à son prestige à l’ennemi de telle sorte que ses villes sont prises et ses provinces ruinées. » (chapitre 11)
… et de l’autre :
« En terrain de communication, je consolide les alliances. » (chapitre 11)
« On contraint les princes par la menace, on les enrôle par des projets, on les fait accourir par des promesses. » (chapitre 8)
S’agit-il d’une incohérence ? Possible. Ou peut-être ces dernières maximes ne sont-elles présentées que pour le cas non-idéal où le général ne pourrait vaincre par son seul effet dissuasif.
intéressant vraiment