De l’absence d’études sur Sun Tzu

Un exemple de titre usurpé

Un exemple de titre usurpé

Dans le numéro d’octobre 2011 des Cahiers du CESAT, Martin Motte publiait un (excellent) article sur Sun Tzu.

Quelle bouffée d’air !

Pour une raison que nous ne parvenons pas à nous expliquer, l’étude militaire française de L’art de la guerre est en effet totalement délaissée. Un indicateur de ce désintérêt peut être trouvé dans la Revue Défense Nationale, référence de la pensée militaire fondée en 1939 : une prospection sur l’ensemble des articles publiés depuis sa création n’en livre que cinq ayant trait à L’art de la guerre[1]. Et encore, trois sont de notre fait. C’est bien maigre…

Pire : trois ouvrages français ont, jusqu’à présent, affirmé se livrer à une exégèse de Sun Tzu : Relire L’art de la guerre de Sun Tzu de Jean-François Phélizon, Comprendre et appliquer Sun Tzu de Pierre Fayard et Décoder & comprendre L’art de la guerre de Gabriel Lechevallier. Or aucun d’eux ne répond à l’objectif annoncé.

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De la signification du Dào

Le dào.

Dans son introduction à Relire L’art de la guerre de Sun Tzu[1], Jean-François Phélizon expose une vision inédite (au moins en français) du concept de « dào[2] ». Vision que personnellement nous ne partageons pas, mais que nous trouvons particulièrement intéressante à relayer car expression de la réflexion française sur L’art de la guerre.

Sa lecture de l’idéogramme 道 (prononcer « dao ») amène en effet Jean-François Phélizon à affirmer que pour Sun Tzu, « l’action stratégique procède d’une direction qui s’impose à tous les membres du groupe ; en ce sens, la stratégie n’est autre qu’une règle d’action collective ». Le sens qu’il attribue au terme dào est en effet que le peuple (et pas seulement le général) aurait un objectif commun, transcendant, qui l’exalterait à aller au combat pour accomplir cet objectif.

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De la multiplicité d’objectifs

Quel sera notre objectif ?

Une notion très intéressante introduite par Sun Tzu est celle de la multiplicité des objectifs potentiels :

« S’il ne sait où je vais porter l’offensive, l’ennemi est obligé de se défendre sur tous les fronts. Alors qu’il a éparpillé ses forces en de multiples points, je concentre les miennes sur quelques-uns, de sorte que je ne rencontre jamais que de faibles troupes. » (chapitre 6)

L’idée exprimée ici est que pour atteindre un objectif donné, il faut en avoir plusieurs. Car, comme l’a fait observer B. H. Liddell Hart :

« Le véritable objet de la stratégie consiste à entamer les possibilités de résistance de l’ennemi. D’où cet axiome : afin de conquérir un objectif bien précis, il faut se fixer plusieurs objectifs de rechange. Une attaque visant un point ne doit le menacer qu’en étant capable de diverger sur un autre. Ainsi, grâce à cette souplesse dans le choix du but, le stratège peut atténuer le caractère aléatoire de l’action de guerre. » [1]

Sun Tzu ne se fixe pas a priori d’objectif car considère que la victoire résultera d’une opportunité.

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Du modelage de l’ennemi

Le boxeur Mohamed Ali : « Voler comme un papillon et piquer comme une abeille »

Un concept délicat à appréhender dans L’art de la guerre est celui que nous désignons (faute d’être explicitement nommé par Sun Tzu) sous le terme de « modelage de l’ennemi ». Une bonne approche de cette notion peut être donnée par une analogie avec la boxe : la doctrine de Sun Tzu pourrait ainsi être illustrée par l’image d’un boxeur sans cesse en mouvement, imposant un rythme calculé car connaissant parfaitement les forces et faiblesses de son adversaire, prêt à frapper au moindre relâchement de garde.

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Combien de versions françaises différentes ?

Le rayon Sun Tzu de la FNAC des Halles (Paris)

La situation ayant substantiellement évolué au cours de ces derniers mois, nous vous proposons ici une version modernisée de notre billet paru le 22 janvier dernier.

Combien y a-t-il aujourd’hui de traductions françaises différentes de L’art de la guerre ? Question délicate. Tout dépend en effet du mode de comptage. Disons entre 19 et 25. Ou 34. Ou plus…

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