Pour faire une synthèse des précédents billets, nous observons que la « connaissance » est essentielle chez Sun Tzu. Elle touche plusieurs domaines, qui eux-mêmes comprennent plusieurs subdivisions :
- La connaissance de soi-même
- Sa propre personne
- Ses forces (troupes : volume, équipement et moral) et, selon le traducteur, ses officiers (aptitudes, pour pouvoir assigner des missions spécifiques)
- La connaissance de l’adversaire
- L’adversaire lui-même
- Les autres forces en présence susceptibles de passer des alliances
- La connaissance de l’environnement
- Le terrain
- La météo
Un aphorisme résume remarquablement tous ces points :
« Qui connaît l’autre et se connaît ne sera point défait ; qui connaît Ciel et Terre volera de victoire en victoire. » (chapitre 10)
Il est surprenant de constater la modernité de cette analyse. Une bonne illustration en est la comparaison avec les cadres d’ordre[1] utilisés aujourd’hui par l’armée française :
Primo : Situation
Alfa : Forces ennemies
Bravo : Forces amies
Charlie : Renforcement et prélèvements (énumération des unités attribuées en renforcement ou à détacher)
Delta : Population – Terrain
Echo : Evaluation de la situation par le chef
[…]
Nous le voyons à travers cette synthèse, Sun Tzu était ainsi extraordinairement moderne dans sa description de la « connaissance » que devait chercher à acquérir le général. Pour autant, comme pour le reste de son traité, il apparaît indispensable de remettre en ordre sa pensée pour y faire jaillir toute la profondeur.
[1] Les cadres d’ordre sont utilisés par les armées afin d’harmoniser les ordres, quel que soit le chef ou l’état-major aux commandes, et fournir un gabarit assurant de ne rien oublier d’essentiel. Ils sont mis en œuvre par tous les niveaux de commandement, du caporal au général d’armée. Ils se décomposent en grands thèmes (Primo : Situation, Secundo : Mission, etc.), eux-mêmes découpés en sous-thèmes (Primo Alfa : Situation ennemie, Primo Bravo : Situation amie, etc.)
Source de l’image : Statue japonaise de Sun Tzu