Le positionnement, un avantage stratégique majeur

Ce n'est certes que de l'eau, mais mieux vaut ne pas se trouver en dessous

Ce n’est certes que de l’eau, mais mieux vaut ne pas se trouver en dessous

Pour importante qu’elle soit, la qualité guerrière des soldats n’est pas un facteur déterminant de la victoire :

« L’habile homme de guerre s’appuie sur la position stratégique et non sur des qualités personnelles. » (chapitre 5)

La quantité de troupes alignées, quant à elle, n’influe que peu sur l’issue de la bataille :

« A la guerre, le nombre n’est pas un facteur décisif. » (chapitre 9)

Pourquoi ? Parce que ces facteurs peuvent être supplantés par les « avantages stratégiques » :

« Quand, sans avantage stratégique, on combat à un contre dix, il y aura fuite. » (chapitre 10)

Ces avantages sont des multiplicateurs d’efficacité. Sun Tzu évoque ici le placement des troupes. Cela s’entend non seulement par « comment elles sont placées » mais également par « où elles sont placées ».

La formation, autrement dit la disposition des troupes, est le premier aspect :

« Carrées, [pierres et bûches sur une pente] s’arrêteront ; rondes, elles poursuivront leur course. » (chapitre 5)

« Si le général, incapable de jauger les forces adverses, se heurte à un ennemi alignant des troupes supérieures en nombre ou en puissance, sans qu’il puisse lui opposer un corps d’élite, il y aura déroute » (chapitre 10)

Plus important encore : la position stratégique, c’est-à-dire le lieu où les troupes sont placées, pourra déterminer à elle seule la victoire :

« Les soldats de celui qui sait profiter de la position stratégique sont comme des billes de bois ou des pierres qui dévalent. C’est une loi de la physique que pierres et bûches, immobiles sur un terrain plat, ont tendance à rouler sur une pente. » (chapitre 5)

Une part très importante du traité est d’ailleurs consacrée à des conseils de positionnement en fonction des types de terrain :

« L’art de la guerre déconseille formellement de planter ses quartiers face à un lieu élevé ou de prendre position devant un ennemi qui s’adosse à une éminence. » (chapitre 7)

« Le bon général ne s’attarde pas en terrain isolé, monte des plans là où il risque l’encerclement et livre combat sur les terres mortelles. » (chapitre 8)

« Quand on traverse une région coupée de marécages, on hâte le pas et s’en éloigne au plus vite. Néanmoins, s’il vous faut y affronter l’ennemi, il convient alors de se tenir à proximité des herbes aquatiques, dos à la forêt. » (chapitre 9)

« En terrain resserré, si l’on est le premier à occuper les lieux, on bloque tous les passages et on attend l’adversaire de pied ferme ; mais si celui-ci m’a devancé et tient tous les accès, je renonce à le suivre ; en revanche, s’il ne les a qu’imparfaitement pourvus, je puis m’y risquer. » (chapitre 10)

« C’est pourquoi évitez de combattre en terrain de dispersion ; ne vous arrêtez pas sur une terre de négligence ; n’attaquez pas en terre de confrontation ; ne vous laissez pas isoler en terre de rencontre ; faites votre jonction en terrain de communication ; pillez en terrain de diligence ; passez votre chemin en terrain de piège ; montez des plans en terrain d’encerclement ; livrez bataille en terrain d’anéantissement. » (chapitre 11)

Le général doit ici jouer de sa connaissance du terrain pour obtenir l’avantage sur ses adversaires (cf. notre billet De l’étude du terrain) :

« Qui connaît l’autre et se connaît ne sera point défait ; qui connaît Ciel et Terre volera de victoire en victoire. » (chapitre 10)

In fine, la combinaison de ces deux facteurs de placement (disposition et positionnement) se révèlera être un formidable multiplicateur d’efficacité :

« Celui qui sait employer ses hommes au combat leur insuffle la puissance de pierres rondes dévalant les pentes abruptes d’une montagne haute de dix mille pieds. » (chapitre 5)

« L’eau rapide du torrent arrive à rouler des galets en raison de sa puissance. » (chapitre 5)

A la faveur d’une forte déclivité, l’eau est effectivement capable de charrier des matériaux particulièrement lourds ce qui, transposé en images militaires, conduit à dire qu’une très petite troupe serait toujours à même de vaincre une armée pour peu qu’on sache la positionner au bon endroit.

Notons que l’image de l’eau, déjà utilisée pour exhorter à la fluidité de la manœuvre, est à nouveau employée pour illustrer cette idée d’avantage stratégique lié au positionnement. Et ce, pour deux aspects : sa puissance lorsque soumise à une pente suffisante, et sa capacité de choc lorsque lâchée de haut :

« Une armée victorieuse est comme un poids d’une livre face à une once, une armée vaincue est une once face à une livre. Si les soldats d’une troupe victorieuse ont la puissance d’une chute d’eau tombant d’une hauteur de mille toises, ils la doivent à l’effet de leurs formations. » (chapitre 4)

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