Des maximes apocryphes de Sun Tzu : Les questions du roi de Wou

Sun Tzu présentant son traité au roi de Wou

Sun Tzu présentant son traité au roi de Wou

On ne connait rien de Maître Ho (ou Ho Yen-si), si ce n’est qu’il a été l’un des commentateurs traditionnels sélectionnés par Cao Cao. Au chapitre 11 du traité, son commentaire livre un entretien entre le roi de Wou et Sun Tzu. Il se peut qu’il s’agisse de paragraphes perdus d’une des différentes ver­sions du texte en circulation à l’époque des Royaumes Combattants, ou plus tard, ainsi que porte à le faire croire le manuscrit trouvé à Yinqueshan, lequel recueille, dans sa seconde section, des matériaux du même ordre : « Questions du roi de Wou », « Entrevue avec le roi de Wou », etc.

Ces commentaires se trouvent au début du chapitre 11 de L’art de la guerre :

« A la guerre, un terrain peut être de dispersion, de négligence, de confrontation, de rencontre, de communication, de diligence, de sape, d’encerclement ou d’anéantissement.
Quand on livre combat sur son propre fief, on se trouve en terre de dispersion.
Quand l’armée s’est à peine aventurée en territoire ennemi, elle se trouve en terre de négligence.
Une terre de confrontation est celle dont la possession est profitable à chacune des deux parties.
Une terre de rencontre offre aux belligérants une totale liberté de mouvements.
Une terre de communication est une portion d’une principauté qui, en jouxtant trois autres, assure au premier arrivé le soutien des armées des seigneurs.
Qui, s’étant profondément enfoncé en territoire ennemi, a derrière soi une multitude de villes fortes adverses, se trouve en terre de diligence.
Une armée qui progresse à travers montagnes, forêts, passes, marais ou toute autre région accidentée, et dont la route est mal aisée, évolue en terre de sape.
Une terre d’encerclement se reconnaît à ce qu’on ne peut y accéder que par un passage étroit et en sortir par un chemin sinueux, de sorte que l’ennemi peut attaquer avec des effectifs bien inférieurs.
En terre d’anéantissement, une armée doit se battre avec l’énergie du désespoir ou périr. »

Les propos suivants de Maitre Ho sont issus de la traduction de Jean Lévi parue aux éditions Fayard/Pluriel.

1. Le roi de Wou demanda à Sun tzu : « Je suis sur une terre de dispersion ; les soldats aspirent à regagner leurs foyers ; constatant que je ne puis les faire combattre, je décide de m’enfermer soli­dement derrière mes retranchements sans tenter de sortie ; l’ennemi en profite pour attaquer des petites places et pour piller la campagne, il m’empêche de ramasser le bois de chauffage et barre mes principales voies de communication, attendant que je sois à court de tout pour m’attaquer avec vigueur. Que dois-je faire ? »

Sun tzu répondit : « L’ennemi s’est enfoncé profondément sur notre territoire, il a donc derrière lui un grand nombre de nos places, ses soldats considèrent que l’armée est devenue leur famille, leurs volontés sont tendues sur un seul objectif et ils ne craignent pas l’ennemi. Tandis que nos hommes combattent chez eux, ils pensent à la paix du foyer et à leurs proches. S’ils se déploient en ordre de bataille, ils ne formeront pas de lignes solides et n’auront jamais l’avantage sur l’adversaire. C’est pourquoi je rassemble les multitudes, entasse grains, fourrages et soieries, m’enferme dans les villes et tiens solidement les points stratégiques, cependant que je charge des éléments légers d’entraver l’acheminement des vivres ennemis. Ses provocations ayant échouées, ses approvisionnements se faisant mal, n’ayant plus rien à piller dans les campagnes, l’envahisseur commence à souffrir de la faim et se trouve en difficulté ; il sera alors possible d’attirer ses troupes et de remporter sur elles une grande victoire. Toutefois, si nous devons les affronter, il faut s’assurer d’une position favorable. On tendra par exemple une embuscade dans un lieu au relief accidenté ; si la région n’en offre pas, les hommes tenteront de se fondre dans l’obscurité ou de se cacher au milieu de bancs de vapeurs ou de brouillards pour surgir à l’improviste et les frapper, profitant de leur relâchement. »

2. Le roi de Wou demanda à Sun tzu : « Venant juste de m’engager en terri­toire ennemi, je me trouve en terre de négligence. Les sol­dats rêvent de leurs foyers ; ils rechignent à poursuivre leur avance et ne demandent qu’à battre en retraite. En outre, l’armée n’ayant pas encore pu prendre position sur des passes ni s’adosser à des obstacles, les hommes sont tenail­lés par la peur. Le général en chef voudrait aller de l’avant et ses hommes ne pensent qu’à revenir sur leurs pas, de sorte qu’inférieurs et supérieurs sont animés de désirs contraires. Pendant ce temps, l’ennemi parachève ses pré­paratifs ; il rehausse ses murailles et renforce ses fortifica­tions, il déploie en bon ordre ses cavaliers et ses fantassins ; tantôt il barre la route à mes avants, tantôt il attaque mes arrières ; comment faire ? »

Sun tzu dit : « Si, lorsque je pénètre sur le territoire ennemi, l’adversaire garde solidement ses places et refuse le combat, tandis que mes hommes ont encore l’esprit occupé par le pays natal, si bien que tout recul peut se transformer en déroute, je me trouve en terre de négligence. Dans une telle situation, il convient de sélectionner une troupe d’ex­cellents cavaliers qui sera chargée de tendre des embuscades sur les routes principales ; quand je battrai en retraite, si l’ennemi cherche à me poursuivre, dès qu’il sera à leur por­tée, ils fondront sur lui pour le culbuter. Lorsque l’armée se trouve en zone de négligence, les hommes n’ont pas encore l’esprit entièrement tourné vers l’offensive, et ils ne sont pas aptes au combat. Il faut donc s’abstenir de s’approcher des villes importantes et se garder de suivre les grands axes de communication. Il faut sembler hésitant et perdu, donner le sentiment qu’on ne va pas tarder à décrocher. C’est alors qu’on choisira une troupe de cavaliers dont les bêtes auront été bâillonnées et qui se porteront en avant, avec mission de faire main basse sur le cheptel – bœufs, chevaux et autres animaux domestiques. L’armée, encouragée par ce coup de main, reprendra confiance. J’aurai eu soin de sélectionner les meilleurs hommes et de les poster en embuscade afin qu’ils attaquent l’ennemi si celui-ci venait à surgir ; dans le cas contraire, ils décrocheront sans chercher à en découdre. »

3. II demanda encore : « Nous sommes en terre de confrontation ; l’ennemi arrive le premier sur les lieux. Il tient les points clés et protège les endroits avantageux ; ses soldats légers et bien entraînés s’emploient tantôt à la défense, tantôt lancent des sorties, contrant toutes nos manœuvres extraordinaires. Que faut-il faire dans un cas semblable ? »

Sun tzu répondit : « La règle, quand on se trouve en terre de confrontation, est que l’on obtient l’avantage si l’on sait céder, mais qu’on court au-devant de l’échec si l’on cherche à forcer l’avantage. Si l’ennemi a réussi à s’y établir, il ne faut surtout pas songer à le chasser. Il faut au contraire tenter de l’attirer en feignant de prendre la fuite. Bannières claquantes et tambours battants, on fera mine de se diriger vers un point qui lui tient à cœur. On soulèvera de la poussière en traînant des branchages, afin de donner le change. Des hommes triés sur le volet auront été au préalable postés en embuscade dans des lieux choisis ; l’ennemi sera bien obligé de sortir pour se rendre au secours du point menacé : en un mot,  » je lui offre ce qu’il convoite pour mieux m’emparer de ce qu’il abandonne « . Telle est la règle à suivre quand on doit combattre un ennemi qui s’est installé le premier. Si je suis arrivé le premier et que l’ennemi use de ce stratagème contre moi, je sélectionne des soldats d’élite à qui je fais tenir solidement leurs positions ; parallèlement, des troupes légères sont envoyées à la poursuite de l’ennemi, tandis que des guet-apens ont été tendus un peu partout dans les lieux resserrés et accidentés. Lorsque l’ennemi se présentera pour engager le combat, les soldats postés se lèveront des deux côtés et nous remporterons ainsi une victoire totale. »

4. Le roi de Wou demanda encore : « Vous avez dit que sur une terre de ren­contre, il convient de couper les lignes de l’ennemi afin d’entraver ses mouvements. Il faut donc que je complète le système de défense des frontières, que je veille à l’entretien des engins, que je détruise les lignes de communication et que je renforce les passes et les points stratégiques. Mais si je n’y ai pas pensé à temps, l’ennemi aura déjà engagé ses préparatifs, de sorte qu’il évoluera à sa guise et moi non. Si nous disposons par ailleurs de forces égales en nombre, que faut-il faire ? »

Sun tzu dit : « Si je ne puis aller et venir comme bon me semble, alors que l’ennemi le peut, il suffit de prélever un détachement et de le poster en embuscade à l’insu de l’ennemi ; si je reste sur la défensive, mais en montrant de la négligence et de la paresse, l’ennemi, rassuré sur mon incapacité, ne manquera pas de se présenter, et alors les hommes dissimulés en embuscade surgiront et le prendront par surprise. »

5. Le souverain demanda encore : « II faut être arrivé le premier sur une terre de communication. Mais je m’en trouve plus éloigné que l’ennemi et je me suis mis en route après lui. J’aurai beau presser les chariots et éperonner les chevaux, je n’ar­riverai pas à le prendre de vitesse. Que convient-il de faire en pareil cas ? »

Sun tzu : « Une terre qui en jouxte trois autres se trouve à la croisée des chemins ; moi et l’ennemi nous nous tou­chons, et avons de plus une frontière commune avec l’autre territoire. Que faut-il entendre par le premier arrivé ? Tout amplement celui qui a su dépêcher un habile ambassadeur, largement pourvu en or, afin de conclure une alliance avec son voisin et nouer avec lui des relations amicales et cour­toises, de sorte que, même si mon armée arrive après celle de l’autre, ses multitudes me seront acquises. Ses soldats les plus sûrs et les mieux entraînés tiendront les points avanta­geux et nous aideront dans nos opérations militaires. Ils s’emploieront aussi à nous fournir en grains ; ils faciliteront les allées et venues de nos chars, en observant les mouve­ments de l’adversaire. C’est ainsi que je bénéficierai de l’aide des multitudes de l’Empire, tandis que l’autre perdra ses alliés. Tant et si bien que les princes, tournant leurs forces contre lui, battront le tambour et se rueront tous ensemble à l’assaut, de sorte qu’il ne saura comment résister. »

6. Le roi de Wou demanda encore : « A la tête de mes troupes, et après avoir laissé derrière moi de nombreux points fortifiés, je me suis enfoncé au cœur du territoire ennemi. Mes lignes d’approvi­sionnement sont coupées. La situation m’empêche de reve­nir sur mes pas. Comment alors me nourrir et tenir avec mon armée sans risquer le désastre ? »

Sun tzu répondit : « En terre de diligence, les soldats sont intrépides et vaillants ; même si les approvisionnements sont coupés, il sera toujours possible de se livrer au pillage pour pourvoir à leurs besoins. Tout le butin qui aura été ramassé par les subalternes devra être remis aux supérieurs ; ceux qui en auront rapporté le plus recevront récompense ; de cette façon, les hommes ne penseront plus à regagner leurs foyers. Mais si jamais certains souhaitaient néanmoins regagner leurs pénates, on les en dissuadera par des interdits. Par ailleurs, on s’emploiera à creuser des fossés profonds et rehausser les murs d’enceinte, afin de montrer à l’ennemi qu’on projette une occupation prolongée. Si l’ennemi, sous couvert d’ouvrir des routes, s’emploie à net­toyer en secret mes lignes stratégiques, j’envoie alors des chars légers, dont les chevaux auront été bâillonnés afin qu’ils soulèvent de la poussière, qui appâteront l’ennemi par la promesse de bétail et de chevaux.
Si l’ennemi décide une sortie, je fais retentir mes tam­bours à leur suite, et des soldats postés en embuscade ayant au préalable fixé avec le reste des troupes une action concer­tée les prendront en tenaille ; à coup sûr, l’ennemi subira une défaite. »

7. Le roi interrogea Sun tzu : « Je m’aventure en terrain de sape : qu’il s’agisse de montagnes, de vallées, de gorges, de défilés ou d’une route semée d’obstacles, après une longue marche, les hommes sont fourbus ; des ennemis se pressent devant moi ; des embuscades sont tendues sur mes arrières. L’adversaire a établi des camps sur mon flanc droit et tient des positions sur ma gauche. Des chars solides et de bons chevaux occupent l’étroit passage qu’emprunté la route. Que dois-je faire ? »

Sun tzu répondit : « II faut d’abord envoyer les chars légers dix lieues en avant du gros des troupes : ils cher­cheront à observer les mouvements de l’ennemi et à déter­miner les points stratégiques et les passes qu’il faut occuper. Certains se détacheront pour aller sur la droite, d’autres se dirigeront sur la gauche ; le général en chef observera la situation dans les quatre directions et, là où il décèlera un vide, il se précipitera pour s’en emparer. Ils feront alors tous leur jonction à mi-parcours ; on répétera le manège jusqu’à ce que les troupes soient fourbues. »

8. Le roi de Wou demanda à Sun tzu : « Je me trouve pris dans une terre d’encerclement ; j’ai devant moi un ennemi puissant, der­rière des passes étroites et difficiles. L’ennemi a coupé mes lignes d’approvisionnement, escomptant que la situation me pousse à la fuite. En attendant, il bat du tambour et pousse des clameurs, sans passer à l’attaque, afin de tester mes capacités. Que dois-je faire ? »

Sun tzu répondit : « Quand on se trouve en terre d’encer­clement, il faut barrer toutes les issues afin que les hommes sachent qu’ils n’ont plus d’échappatoire. Ainsi en viennent-ils à considérer l’armée comme leur famille ; leurs cœurs battent à l’unisson et une même ardeur les anime. Durant plusieurs jours, on couvrira les feux afin de faire disparaître toute trace de fumée, manifestant ainsi toutes les marques du désordre et de la faiblesse. Me voyant dans un tel état de détresse, l’ennemi relâchera sa vigilance. Après avoir galva­nisé mes hommes par une proclamation, je disposerai des soldats en embuscade de chaque côté des passes et défilés, puis je ferai battre la charge et tenterai une sortie avec le gros des troupes. Si l’ennemi cherche à s’y opposer, je don­nerai ordre à mes hommes de combattre avec acharnement et de forcer le passage. C’est ainsi que mes troupes combat­tront devant, tailleront derrière et presseront sur les côtés. »

Le roi demanda encore : « L’ennemi est là, alors que je me trouve encerclé. Il a tendu des embuscades et a combiné de profonds stratagèmes ; il me fait miroiter des profits, il agite des drapeaux devant mes yeux et présente une forme confuse, mouvante et désordonnée, de sorte que je ne sais où il se dirige. Que faire ? »

Sun tzu répondit : « Dans ce cas-là, il faut envoyer un millier d’hommes munis de bannières qui se diviseront pour garder les routes stratégiques, tandis que des troupes légères s’avanceront pour provoquer l’ennemi. Elles se déploieront en formation de combat, mais sans passer à l’attaque, et si l’ennemi entre à leur contact, elles ne céderont pas ; c’est là la meilleure façon de ruiner leur stratagème. »

9. Le roi de Wou demanda à Sun tzu : « Mon armée vient de franchir la frontière et a pris ses quartiers en territoire ennemi ; c’est alors que les défenseurs surviennent en nombre, m’enferment dans un double cordon de troupes. Je pense tenter une sortie et briser l’encerclement, mais toutes les issues sont bouchées, alors je veux haranguer mes hommes pour qu’ils brisent l’étau en se battant jusqu’à la mort. Comment faire ? »

Sun tzu répondit : « Tout d’abord, il faut élargir les fossés et rehausser les murs d’enceinte, afin de montrer à l’ennemi que l’on compte tenir solidement les défenses puis, après cela, on se tient coi, sans plus bouger, lui dérobant ses capacités offensives. Enfin, j’harangue les hommes en leur montrant qu’il n’y a plus d’issue ; sur ce, nous tuons les bœufs, brûlons les chariots et faisons bombance. Ensuite, nous brûlons toutes les réserves de grains, nous comblons les puits, nous nous rasons les cheveux et nous lacérons nos bonnets, afin de montrer que nous n’avons plus d’autre projet que de vendre chèrement notre peau. Lorsque le général est à court d’idées, ses hommes sont prodigues de leur vie. Ceci réglé, on astique les cuirasses, on affûte les armes ; et, unissant ses forces et sa volonté, l’armée attaque l’ennemi des deux côtés à la fois, en battant le tambour et en poussant des hurlements sauvages, de sorte que l’ennemi épouvanté ne sait comment s’opposer à cet assaut furieux. Nos troupes de choc qui se sont détachées du gros de la troupe le prennent à revers : cela s’appelle trouver le salut en abandonnant toute espérance. C’est pourquoi il est dit : « Qui, alors qu’il se trouve en difficulté, n’est pas en mesure de combiner des plans se trouvera acculé ; qui, acculé, n’est pas capable de combattre jusqu’à la mort périra. »

Le roi de Wou demanda encore : « Et si c’est moi qui encercle l’ennemi, que faut-il que je fasse ? »

Sun tzu dit : « Tout autour se dressent des montagnes escarpées coupées de vallées profondes, difficiles à franchir, de sorte que l’ennemi est aux abois. Dans ces conditions, la méthode pour l’attaquer est la suivante : il faut dissimuler des soldats en embuscade et ménager à l’ennemi une voie de passage, afin de le tenter en lui offrant une retraite ; cherchant alors le salut dans la fuite, il perdra toute ardeur combative, il sera possible de l’attaquer et de le vaincre même s’il est en nombre. L’art de la guerre dit encore que si l’ennemi se trouve en terres mortelles et que son ardeur combative est au plus haut, il faut procéder de cette façon pour en avoir raison : se montrer souple et ne pas chercher à forcer l’avantage, mais, tout au contraire, mettre la main subrepticement sur toutes les positions avantageuses et couper toutes ses lignes d’approvisionnement ; de peur qu’il use de stratégies insolites, on fera tout cela en secret sans rien lui laisser deviner. C’est ainsi que l’on postera aux endroits propices des archers et des arbalétriers. »

Source de l’image : Reconstitution du musée Sun Tzu de Binzhou (Chine)

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