A qui s’adresse L’art de la guerre ?

Quel destin possible à celui qui maitriserait L'art de la guerre ?

Quel destin possible à celui qui maitriserait L’art de la guerre ?

Il existe deux façons de lire L’art de la guerre :

Soit en tant que miroir des princes : il faut dans ce cas y chercher le portrait du général idéal que devra sélectionner le souverain afin de diriger ses armées. L’art de la guerre décrit ce qu’est le génie militaire et l’idéal dont devra s’approcher l’élu.

Soit comme guide du général. « Guide », pas « manuel » : Sun Tzu ne livre pas toujours les explications qui seraient nécessaires pour mettre en œuvre ses préceptes ; il ne précise par exemple pas comment faire atteindre à ses troupes le niveau suprême d’entraînement qui leur permettra de « ne plus avoir de forme ». La question, occultée, n’a pourtant rien d’anodine. En outre, même si Sun Tzu apparait très injonctif dans ses recommandations (« il faut », « le général doit », etc.), l’important pour la victoire est de mettre en œuvre plus de procédés que l’adversaire :

« Pris en compte dans les calculs, les cinq facteurs permettent une évaluation exacte du rapport de forces. Il suffit pour cela de se demander : Qui a les meilleures institutions ? Qui a le meilleur général ? Qui a les conditions climatiques et géographiques les plus favorables ? Qui a la meilleure discipline ? Qui a l’armée la plus puissante et les soldats les mieux aguerris ? Qui possède le système de récompenses et de châtiments le plus efficace ? La réponse à ces questions permet de déterminer à coup sûr le camp qui détient la victoire. » (chapitre 1)

Et :

« Qui additionne de nombreux atouts sera victorieux, qui en a peu sera vaincu. » (chapitre 1)

Enfin, l’aspect incantatoire de certaines maximes contribue à donner l’impression que L’art de la guerre est un guide que le général doit conserver à l’esprit :

« On ne poursuit pas une armée dont la retraite est simulée ; […] on ne gobe pas l’appât que l’adversaire vous tend. » (chapitre 7)

Cette formule, apparemment très incantatoire (comment savoir que l’ennemi est en train de nous tendre un piège ?) doit se comprendre comme l’injonction de Sun Tzu de rester toujours sur nos gardes, de sans cesse nous demander si l’ennemi ne pourrait pas être en train de ruser à notre encontre, d’en permanence exécuter en tache de fond une analyse de l’éventualité d’une duperie adverse. Sun Tzu présente ainsi ici plus une manière permanente d’être et de faire, qu’une action à effectuer en réponse à un évènement précis. En cela, L’art de la guerre est plus un guide qu’un manuel.

Pour faire le pendant avec la lecture orientée « miroir des princes », en présentant le général idéal, Sun Tzu nous invite à faire preuve de lucidité à notre égard : si l’on n’est pas capable de mettre en œuvre la majeure partie des recommandations de L’art de la guerre, peut-être alors vaut-il mieux renoncer à la tâche de conduire les armées. Ou, si l’on souhaite prétendre à cette responsabilité, il sera nécessaire de travailler les domaines qui présentent des faiblesses. A moins d’être né directement génie militaire, la lucidité et l’humilité des prétendants au commandement des troupes doivent être les premières caractéristiques des lecteurs de Sun Tzu.

« Qui connaît l’autre et se connaît, en cent combats ne sera point défait ; qui ne connaît l’autre mais se connaît, sera vainqueur une fois sur deux ; qui ne connaît pas plus l’autre qu’il ne se connaît sera toujours défait. » (chapitre 3)

Source de l’image : non retrouvée…

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